Areva lance coûte que coûte la cotation de ses actions

Des actions Areva cotées en Bourse. Si Anne Lauvergeon en rêve depuis dix ans, le moment n'aurait pu être plus mal choisi, avec l'accident de Fukushima qui glace le monde entier en commençant par le secteur nucléaire. Le conseil de surveillance du groupe français doit cependant approuver, ce lundi matin, le lancement de la procédure qui permettra, d'ici à fin juin, d'échanger des actions Areva à la Bourse de Paris. L'opération doit être soumise à l'approbation de l'Autorité des marchés financiers courant avril.Areva n'a pas choisi ce calendrier. La cotation d'actions du groupe avant le 30 juin 2011 est une des conditions que le fonds souverain du Koweït (KIA) a imposées afin de garantir une liquidité aux 4,8 % du capital d'Areva qu'il a achetés en décembre dernier. Si ce calendrier n'est pas respecté, l'État français s'est engagé à racheter à KIA sa participation, à un prix au moins égal à celui qu'il a payé, soit 600 millions d'euros. Une faveur rare accordée par l'État, en mauvaise posture dans cette négociation. Cette option de vente, valable jusqu'au 30 septembre 2011, fournirait une voie de sortie sans frais si KIA jugeait les perspectives du secteur nucléaire et d'Areva trop assombries.« Nous avons pris toutes les marges pour tenir le calendrier », assure-t-on chez Areva. L'opération, simple sur le principe, est techniquement complexe. Il s'agit de convertir en actions les certificats d'investissement - titres qui s'apparentent à des actions sans droit de vote - actuellement cotés à Paris. Ces certificats d'investissement (CI) représentent 4 % du capital du groupe actuellement valorisé entre 11,5 et 12 milliards d'euros. Une offre publique d'échange (OPE) doit être lancée, pendant vingt jours, dans la seconde quinzaine d'avril. Après l'admission des actions et le retrait des certificats, Areva espère boucler le tout fin mai-début juin. Seule incertitude : les porteurs de CI vont-ils devoir s'acquitter d'une prime de 1 % pour obtenir une action ? Lors de la récente augmentation de capital, ils ont bénéficié d'une décote de 1 %, pour compenser l'absence de droits de vote. L'enjeu est d'environ 4,5 millions d'euros pour les caisses du Commissariat à l'énergie atomique (CEA).Cette opération ouvre des perspectives qui vont bien au-delà de la simple « conversion ». Il sera désormais possible pour tous les actionnaires d'Areva de vendre des titres sur le marché. En premier lieu le CEA, qui détient 73 % d'Areva. « Le CEA a de forts besoins de financement, notamment pour le démantèlement de ses installations. Privé de dividendes Areva en 2010, il pourra être tenté de céder 15 % de ses titres », explique un analyste. C'est effectivement ce qui était prévu lors du précédent projet d'Areva, stoppé net par Dominique de Villepin fin 2005. Reste pour le CEA à obtenir l'aval de l'État. Total et le Crédit Agricolegricole, qui détiennent chacun 0,9 % d'Areva, pourraient, eux, vendre immédiatement leurs titres.« On se dirige vers un processus rampant de privatisation du groupe Areva », s'indigne Gérard Melet, administrateur CGT d'Areva, en soulignant que « les objectifs de court terme de la Bourse sont incompatibles avec les investissements indispensables au nucléaire, comme l'accident de Fukushima vient de le rappeler ». Les intermédiaires de marché, eux, se frottent les mains. Le flottant actuel, extrêmement étroit, d'Areva écarte les grands investisseurs institutionnels du titre. Tout élargissement serait un soutien, particulièrement bienvenu à l'aube d'un nouveau coup de frein du nucléaire dans le monde. Marie-Caroline Lopez
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