Diversité : les grandes écoles  se remettent peu en question

Les grandes écoles se plient à l'exercice de l'introspection, sans toutefois trop se remettre en question. La position de la conférence des grandes écoles (CGE) contre l'application de « quotas » de boursiers, après avoir suscité une tempête médiatique au début de l'année, avait conduit Valérie Pécresse à réitérer les engagements pris fin novembre par le comité interministériel à l'égalité des chances : notamment atteindre l'objectif de 30 % de boursiers dans les 3 ans (sans contraintes toutefois), généraliser la gratuité des concours pour les boursiers ainsi que la participation des écoles aux Cordées de la réussite (partenariats avec des lycées de zones prioritaires), développer les admissions parallèles et rectifier « si besoin » les épreuves des concours d'entrée jugées « socialement dicriminantes ». A cette fin, une convention a été signée en février entre la ministre de l'Enseignement supérieur et les représentants des grandes écoles.Trois mois plus tard, lors d'un débat organisé mardi par l'Institut de l'entreprise sur le sujet, ces derniers maintiennent le cap mais préfèrent remettre en cause la méritocratie républicaine à la française plutôt que leur système propre, jugé « massif et diversifi頻 par Pierre Tapie, le président de la CGE. Selon Alain Renault, professeur de philosophie à Paris IV et Sciences Po, avec l'instauration du collège unique et l'amoindrissement du rôle sélectif du bac, la méritocratie a en effet plutôt perpétué la loterie sociale. « Nous ne sommes pas arrivés à concilier massification et stimulation des meilleurs », renchérit Pierre Tapie, très critique à l'égard de la réforme du lycée de Luc Chatel, estimant qu'il eût mieux valu réinjecter des maths en série L (telle l'ancienne A1) que de respécialiser la S. massificationQuant aux universités, si elles poursuivent la mission de massification de l'enseignement secondaire, il faut bien reconnaître qu'au niveau du master (bac + 5), « l'origine socio-professionnelle des étudiants des grandes écoles et d'universités est la même », précise Pierre Tapie. Là aussi donc, seuls les mieux armés vont jusqu'au bout (à Paris IV, le taux d'échec en première année est de 73 %). D'où la proposition d'Alain Renault de voir les universités mettre en place « des enseignements diversifiés en fonction du niveau des étudiants et des politiques de rémédiation », pour élever le plus grand nombre. Aux grandes écoles de développer aussi les admissions parallèles. Une façon de restreindre le poids des concours. « Il faut les faire évoluer », admet Daniel Bernard, président de la Fondation HEC. La CGE attend les résultats de la mission confiée aux inspections générales de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur sur les éventuels biais sociaux des épreuves. Un rapport d'étape est prévu, au mieux, en mai.
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