La situation en Belgique ajoute

La Commission européenne se dit sereine mais elle est bien la seule. Hier après-midi, la Belgique s'orientait vers des élections anticipées en juin, suite à la chute lundi du gouvernement Leterme. Les chrétiens-démocrates flamands du CD&V, majoritaires au sein du gouvernement, en ont décidé ainsi, après que la plupart des autres partis flamands aient exclu leur participation à un nouveau gouvernement. « Le CD&V ne pouvait pas siéger au fédéral entouré d'une nuée de partis francophones. Il serait passé pour un traître au Nord?», notait mardi le collaborateur d'un élu belge. Quoi qu'il en soit, le roi a renoncé à demander la constitution d'un nouveau gouvernement. Le scrutin pourrait avoir lieu le 6 ou le 13 juin.En réalité, cette crise tombe au plus mal pour l'Europe. La Belgique doit en effet prendre la présidence tournante de l'Union européenne le 1er juillet. Or, comme le fait remarquer la vice-présidente du Parlement européen Isabelle Durant, écologiste belge francophone, « les élections ne résolvent rien car après il faudra former un gouvernement ». Ce qui, outre-Quiévrain, peut prendre des mois. Or on n'a jamais vu une présidence européenne « tourner » sans s'appuyer sur un gouvernement. Sauf il y a un an, après la démission du Premier ministre tchèque. En pratique, cela avait été deux mois de perdus pour le Conseil des ministres.les marchés réagissentDésormais, l'Europe a certes un président du Conseil, Belge au reste, en la personne de l'ancien Premier ministre Herman van Rompuy. Mais il ne s'occupe pas des dossiers techniques. La présidence belge était très attendue sur le débat budgétaire, sur la formation du service diplomatique européen ou encore l'ensemble des dossiers de régulation financière. Autant de domaines où le travail repose sur les épaules de la présidence tournante. « On comptait sur nous », regrette Isabelle Durant.Pire, la Belgique pourrait devenir une nouvelle épine dans le pied de l'Union monétaire. On n'est certes pas dans un scénario à la grecque. Mais nombreux sont ceux qui redoutent que les marchés finissent par sanctionner cette instabilité politique. Ce mois-ci, le Trésor a levé sans problème 4 milliards d'euros au taux raisonnable de 4,25 %. Mais l'endettement repassera cette année les 100 % du PIB. « J'ai peur que l'on assiste à une hausse des taux d'intérêt », craint l'élue écologiste. Mais le plus inquiétant reste l'absence de perspective d'accord entre Flamands et francophones et l'affaiblissement de l'establishment politique dont la pérennité rassurait le pays. La chute du gouvernement a été provoquée par deux dirigeants flamands de respectivement 35 et 37 ans issus d'un parti habituellement plutôt arrangeant sur les questions communautaires. Florence Autret, à Bruxelle
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