Le « Wall Street » déclare la guerre au « New York Times »

Lundi matin, un combat d'une violence inouïe a démarré dans la Grosse Pomme, visant au premier chef ses kiosques à journaux. Le « Wall Street Journal » (WSJ) a lâché sur la métropole une bombe que son propriétaire, le groupe News Corp., élaborait depuis des mois : un supplément de dix pages dédié aux informations locales, à la culture et au sport dont l'objectif est de siphonner les recettes publicitaires du « New York Times », au moment où cette vénérable institution renoue avec les bénéfices grâce à des compressions de coût.Lors du lancement de sa section « Greater New York », Les Hinton, le directeur général du quotidien financier, s'en est pris frontalement à son concurrent. « Mon conseil aux lecteurs ? Si vous aimez vraiment le ?New York Times?, lisez-le gratuitement en ligne et achetez le ?Wall Street Journal? ! » Le quotidien des affaires, tombé dans l'escarcelle de Rupert Murdoch, le patron de News Corp. lorsqu'il a repris le groupe Dow Jones en 2007, fait payer ses contenus en ligne à l'inverse du « Times », accessible gratuitement sur nytimes.com. le « WSJ » casse ses tarifsAu cours du semestre achevé à la fin mars, le « New York Times », troisième quotidien des États-Unis, a perdu 8,47 % de son lectorat, à 951.063 exemplaires, tandis que la diffusion des journaux américains a reculé de 8,74 %. De son côté, le « Wall Street Journal », qui a raflé à « USA Today » le rang de premier quotidien du pays l'an dernier, a vu sa diffusion progresser de 0,5 % à 2,09 millions. Pour s'imposer sur le marché publicitaire new- yorkais, le « WSJ » aurait cassé ses tarifs. Selon l'agence Reuters, certains annonceurs ont ainsi pu s'offrir une pleine page dans la section « Greater New York » pour 19.000 dollars alors que ce type d'investissement peut coûter jusqu'à 90.000 dollars dans un quotidien national. En prime, une pleine page leur aurait été offerte dans le « New York Post », tabloïd racheté par Murdoch en 1977. La direction du « WSJ » souligne qu'au cours du dernier trimestre, les « revenus publicitaires du ?New York Times? se sont repliés de 12 %, tandis que les [nôtres] ont augmenté de 25 % ». Dans un courriel adressé à ses employés, la direction du « New York Times » s'est voulue rassurante, affirmant que « lecteurs et annonceurs sont très loyaux » à la « Dame grise » et que le « WSJ » « découvrirait bientôt l'intensité de ce dévouement ». Le « New York Times » a prévenu qu'il ne se laisserait pas entraîner dans une guerre des tarifs publicitaires. Il compte au contraire défendre son prestige cette semaine par une campagne télévisée et envisage de riposter avec des éditions régionales sur cinq marchés cibles, en nouant des partenariats avec des quotidiens locaux.D'après le « Financial Times », le « Wall Street Journal » serait de retour à l'équilibre après avoir perdu 80 millions de dollars l'an dernier. Il aurait prévu d'investir 30 millions de dollars en deux ans dans son édition new- yorkaise. Au grand dam d'analystes financiers qui jugent que l'offensive de Rupert Murdoch tient davantage du caprice que d'une stratégie financière avisée. éric Chalmet, à New York
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