La machine à faire des bulles

La quasi-faillite de l'émirat de Dubaï n'est pas en soi l'affaire du siècle. La petite centaine de milliards de dollars potentiellement à risque n'est pas de nature à faire trembler la planète financière qui en a connu d'autres, dans un passé récent. Certes, la nouvelle a surpris malgré de nombreux signaux avant-coureurs ? un émirat du Golfe ne pouvait pas davantage faire faillite que Lehman Brothers ? et provoqué un bon vent de panique sur des marchés encore convalescents. Mais que faut-il penser au juste de cette bombe financière?? Les avis divergent encore. Les plus pessimistes, comme Nouriel Roubini, y voient un nouveau défaut de paiement d'un État souverain, après l'Islande, qui en annonce bien d'autres. Déjà tous les regards se tournent vers une Grèce promise aux enfers. D'autres, plus optimistes, voient en Dubaï au mieux un mirage moyen-oriental qui s'effacera au profit de ses riches voisins ou, au pire, une classique manifestation de crise immobilière. Et tant pis pour les banques internationales qui ont financé, les yeux fermés, des projets pharaoniques. Mais la principale inquiétude n'est pas là. Ce que tout le monde pense sans le clamer trop fort, c'est que Dubaï apporte une démonstration supplémentaire de l'extrême fragilité du système financier international. Chacun s'interroge aujourd'hui sur la prochaine bulle qui ne manquera pas d'éclater. Et les menaces potentielles sont légion, de l'obligataire aux matières premières, de la Hongrie à la Chine en passant par les pays Baltes. Ce « stress scénario » qui nous ramène à la case départ tombe bien mal alors que les États comptent sur les marchés financiers pour relancer la machine économique. Pourtant, la chute de Dubaï va à coup sûr remettre sur la table deux questions de fond sans cesse éludées. Celle tout d'abord du fonctionnement moutonnier et spéculatif des marchés de capitaux qui répètent toujours les mêmes erreurs. Et celle ensuite de la responsabilité des banques centrales dans l'alimentation de ces bulles perpétuelles. Les injections massives de liquidités finissent pas accroître l'instabilité. La BCE a d'ailleurs laissé entendre qu'elle envisageait d'en réduire le débit. Mais fermer le robinet lorsque les bulles éclatent est un pari dangereux. Car c'est précisément à ce moment-là que le système a besoin d'argent frais. La machine à fabriquer les bulles ne sait tout simplement pas comment s'arrê[email protected] Éric Benhamou
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