À New York, le procès de l'ex-roi des fonds spéculatifs bat son plein

Raj Rajaratnam, impassible lors des audiences, n'en risque pas moins vingt ans de prison.Détendu et souriant, Lloyd Blankfein a fait une apparition remarquée mercredi dernier à la barre du procès de Raj Rajaratnam, le fondateur du fonds Galleon poursuivi pour délits d'initiés. Appelé par le ministère civil, le PDG de Goldman Sachs a été interrogé pendant près de trois heures sur Rajat Gupta, un ancien administrateur de la prestigieuse banque d'affaires qui a dévoilé des informations confidentielles à l'accusé. En septembre 2008, par exemple, il l'a averti que Warren Buffett s'apprêtait à injecter 5 milliards de dollars dans Goldman Sachs. Une violation de la politique de confidentialité qui s'impose aux administrateurs, a expliqué Lloyd Blankfein. Prévenu juste avant l'annonce officielle, Raj Rajaratnam aurait ainsi réalisé un gain de un million de dollars. Cela faisait plus de 20 ans qu'un grand patron de Wall Street n'avait pas été cité comme témoin au cours d'une affaire criminelle. De quoi renforcer le caractère exceptionnel d'un procès qui passionnait déjà la communauté financière ? beaucoup moins le grand public -. Dans la salle d'audience du tribunal du sud de Manhattan, la quarantaine de places disponibles dans l'assistance sont rapidement prises d'assaut, occupées pour l'essentiel par des journalistes. Le « Wall Street Journal » y a par exemple dépêché deux reporters et y consacre régulièrement ses gros titres ainsi que des comptes-rendus d'audience. Neuf étages plus bas, une deuxième salle a été aménagée pour permettre aux curieux de suivre les audiences en vidéo.Depuis le début du procès il y a trois semaines, John Dowd, l'avocat de la défense, a choisi l'offensive. La stature haute, quelques notes griffonnées sur un calepin, ce ténor du barreau hausse le ton, joue des mains et martèle plusieurs fois les mêmes questions. Anil Kumar, l'un des témoins clé de l'accusation, en a fait les frais. Malmené, harcelé parfois, cet ancien consultant de McKinsey est souvent apparu fébrile et peu convaincant. Auparavant, il avait pourtant minutieusement décrit le système mis en place par Raj Rajaratnam : en échange de 2 millions de dollars, il affirme lui avoir livré pendant quatre ans des informations confidentielles sur les sociétés clientes de son cabinet.L'assistant du procureur, Jonathan Streeter, avait alors déroulé un implacable argumentaire, se basant sur de nombreuses écoutes téléphoniques entre les deux hommes. Plus méthodique et moins théâtral, il se montre aussi plus pédagogue. Car les débats sont souvent techniques et austères. Et ils réclament des efforts de vulgarisation à destination des 18 jurés (seulement 12 d'entre eux prendront part à la délibération). Huit hommes et dix femmes qui, avant leur convocation, n'avaient jamais entendu parler de Lloyd Blankfein et de Raj Rajaratnam. Installé derrière ses avocats, l'accusé demeure impassible, presque serein. Arrêté en octobre 2009, mais remis en liberté depuis, il risque pourtant jusqu'à 20 ans de prison. Son procès doit encore durer près de deux mois. Jérôme Marin, à New York
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.