Sarkozy à Pékin  :  discret ou soumis

Vestiges et vertiges. Des vestiges de la civilisation chinoise, Nicolas Sarkozy va en visiter à vau-l'eau au cours de son séjour dans l'empire du Milieu - des cavaliers de Xi'an, dans l'ancienne capitale impériale à une partie « sauvage » de la Grande Muraille en passant par le palais du Peuple. Des vertiges, il risque d'en être saisi. Tous les hauts dignitaires du régime le recevront longuement et ostensiblement. Il participera, en bonne place, à l'inauguration de l'Exposition universelle de Shanghai, l'Expo de tous les records. Finie la brouille liée au dossier tibétain. Pour sceller la réconciliation franco-chinoise, la Chine sort le grand jeu. Nicolas Sarkozy y est reçu avec tous les honneurs. Le président français a droit à une visite d'État de trois jours - un privilège, insiste-t-on à Pékin. Paris, flatté, ne dément pas. Pour bien marquer « la page nouvelle » (dixit le président Hu Jintao) qui s'ouvre, la fanfare de l'armée populaire de libération s'est vu imposer l'interprétation mercredi de deux tubes du premier album de Carla Bruni-Sarkozy, deux chansons qui ne sont pas précisément dans son répertoire ! À l'ordre du jour de cette visite, tourisme et diplomatie donc. On a banni les sujets qui fâchent - on n'y parlera ni du Tibet, ni des droits de l'homme, pas davantage du « dumping monétaire ». Inutile de s'accuser « les uns les autres », a expliqué Nicolas Sarkozy en arrivant à Pékin pour justifier son comportement nouveau, plus policé à l'égard des maîtres de l'empire. On peut s'en féliciter. La confrontation brutale avec ce géant économique n'est pas nécessairement, surtout pour un petit pays comme la France, la meilleure stratégie. La discrétion, le contournement, l'habileté peuvent être plus efficaces. Il ne faudrait pas, néanmoins, que de tels subterfuges soient le masque d'une soumission. Il y a aujourd'hui, en matière économique, de très nombreux contentieux entre la Chine et la France, entre la Chine et l'Europe. Accepter les honneurs d'aujourd'hui ne doit pas empêcher la France de continuer à défendre au mieux ses intérêts, ceux de ses entreprises aussi, face à une puissance qui continue à s'exonérer de certaines des règles du jeu de l'économie mondiale. [email protected] izraelewicz
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