L'Europe tente d'éteindre l'incendie financier grec

Confrontés à un redoublement des tensions sur les marchés financiers, les dirigeants européens se sont employés durant toute la journée de mercredi à calmer le jeu. Tôt dans la matinée, le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, a annoncé depuis Tokyo la convocation d'un sommet des pays de la zone euro sur la crise grecque aux alentours du 10 mai. Le dirigeant a alors assuré que « les négociations continuent et sont en bonne voie », affirmant comme l'avait fait mardi le président de la BCE Jean-Claude Trichet qu'il n'est « pas question de restructurer la dette » de la Grèce.Malgré cette annonce, les principales places boursières ouvrent en poursuivant leur glissade entamée mardi, tandis que les taux d'emprunt grecs tirent à la hausse ceux des autres États périphériques européens.À Paris, le CAC 40 cède 0,45 % lors des premiers échanges passant sous les 3.800 points pour la première fois depuis le 3 mars dernier. Au même moment, les places portugaise et espagnole cèdent respectivement plus de 4 % et 1 %, tandis que l'ASE grec ne se replie que de 0,6 %, soutenu par la décision d'interdire pour deux mois les ventes à découvert sur l'ensemble des actions cotées à Athènes. Parallèlement le taux grec à 2 ans s'envole au-delà des 18,5 %, soit plus de 3 % de plus que mardi, entraînant dans son sillage les taux portugais (+ 1 % à 5,9 %), irlandais (+ 0,8 % à 4,2 %) et espagnol (+ 0,3 % à 2,35 %). La spéculation s'agite sur les changes et l'euro retombe à son plus bas niveau depuis avril 2009, à 1,3143 dollar.Ce regain de tension reste alimenté par les réticences de Berlin, principal soutien potentiel de la Grèce. Bien qu'un peu plus tôt dans la matinée, le ministre allemand des Finances ait indiqué que son pays ne « laissera pas tomber la Grèce », les marchés s'inquiètent du surcroît d'austérité réclamé par Berlin, le vice-ministre allemand des Finances ayant dans le même temps indiqué que l'Union européenne devait garder un « oeil particulièrement attentif » sur les États membres au déficit budgétaire élevé et durcir les sanctions.La tension baisse tout de même d'un cran en fin de matinée, à la faveur de déclarations des dirigeants européens et dans l'attente des commentaires de Jean-Claude Trichet, ainsi que l'ouverture en territoire positif de Wall Street. « Il n'y a aucun doute qu'une réponse sera apportée à temps aux besoins de la Grèce. Les États membres de la zone euro, la Commission et la BCE sont déterminés à garantir la stabilité financière de la zone euro », déclare pour sa part, en début d'après-midi, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso en marge d'un sommet UE-Japon. Et une source gouvernementale grecque confirme des discussions pour renégocier le montant de 15 milliards d'euros de prêts accordés par le FMI. À Berlin, en compagnie de Dominique Strauss-Kahn, le directeur du FMI, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet estime qu'il y a une « absolue nécessité pour l'Allemagne de décider rapidement » car la stabilité de la zone euro est « affectée ».Après avoir rebondi jusqu'à 1,3266 dollar vers 15 heures, l'euro se stabilise légèrement sous les 1,32 dollar. Les taux obligataires à 2 ans de la Grèce (+ 0,8 % à 16,1 %), du Portugal (+ 0,4 % à 5,3 %) et de l'Irlande (+ 0,3 % à 3,76 %) se calment, tandis que le taux espagnol revient à son niveau de mardi soir, malgré la dégradation de sa note à AA en fin d'après-midi par Standard & Poor's.À la clôture de cette séance qui a mis les opérateurs à cran, les Bourses européennes terminent en baisse à l'exception de l'ASE grec (+ 0,84 %), mais le pire a été évité. Après avoir perdu jusqu'à 3,85 %, Madrid cède 2,99 %, tandis que Paris et Berlin abandonnent respectivement 1,50 % et 1,22 %. Julien Beauvieux avec Jacques Nedellec
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