Pressé par ses actionnaires, Prudential renégocie le rachat d'AIA

Trop cher et trop risqué?: le rachat par l'assureur britannique Prudential de la filiale asiatique du groupe américain AIG déplaît décidemment à ses actionnaires. Ce qui explique la tentative, vendredi, de « Pru » de revoir à la baisse le prix d'acquisition d'AIA, la fameuse pépite asiatique d'AIG.Prudential a confirmé, dans un bref communiqué publié avant l'ouverture des échanges à la Bourse de Londres, qu'il était en train de renégocier ce rachat d'un montant de 35,5 milliards de dollars (29 milliards d'euros) avec la maison mère d'AIA, confirmant ainsi une information publiée la veille par le Wall Street Journal et le Financial Times.Augmentation de capital géanteSelon les deux quotidiens, ces discussions ont été précipitées par l'opposition croissante des actionnaires de Prudential à cette acquisition d'un montant jamais vu dans l'histoire du secteur de l'assurance, et à l'augmentation de capital géante (21 milliards de dollars, un record pour une entreprise britannique) que l'assureur doit lancer pour la financer, beaucoup la trouvant trop chère et s'inquiétant des risques de l'opération.Réduction de cinq milliardsD'après ces journaux, le groupe britannique tenterait de réduire la facture d'environ cinq milliards, à 30 milliards de dollars. Tout rabais nécessitera l'accord du gouvernement américain, qui détient 80 % d'AIG.Le rachat, annoncé il y a trois mois, est censé faire de Prudential le leader international de l'assurance-vie en Asie, lui donnant les clés d'une région à l'énorme potentiel de croissance.Mais cette acquisition négociée par le directeur général de la vénérable « Pru », le franco ivoirien Tidjane Thiam, a suscité dès son annonce des doutes en raison de la taille de cet investissement.Au début du mois, le régulateur britannique du secteur financier, la FSA, avait d'ailleurs obligé Prudential à modifier à la dernière minute les termes de l'acquisition.75 % de votes positifs nécessairesAprès cette intervention humiliante du gendarme britannique, les craintes des actionnaires sont allées en s'amplifiant, à l'approche de l'assemblée générale extraordinaire du 7 juin, où ils sont appelés à valider ce rachat géant, qui devra recueillir au moins 75 % des voix pour être approuvé.Ces derniers jours, une cascade d'informations a conforté l'idée que l'opération allait droit dans le mur.Mardi, le « Financial Times » rapportait que le patron d'AIA lui-même jugeait la transaction vouée à l'échec, et claquerait la porte si elle aboutissait.Mercredi, on apprenait qu'un influent cabinet de conseil aux actionnaires, RiskMetrics, recommandait aux porteurs de titres Prudential de s'opposer au rachat.Le coup de grâce est tombé jeudi, lorsque la nouvelle a filtré que des investisseurs institutionnels possédant au moins 15 % de l'assureur allaient écrire à ses dirigeants, pour dire tout le mal qu'ils pensaient du projet. Dans la foulée, Prudential a dû démentir des rumeurs de marché voulant qu'il jette l'éponge.
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