L'attrait de la dette émergente se confirme

La crise de la dette souveraine des pays fragiles d'Europe du Sud a des retombées surprenantes. Les pays émergents, aujourd'hui financièrement vertueux, attirent les gérants obligataires en quête de sécurité. Au premier semestre, la dette émergente a non seulement drainé un montant de capitaux étrangers sensiblement plus élevé que les années précédentes, mais aussi bien supérieur à celui qui s'est investi sur les actions émergentes. Et ce, alors que ces dernières étaient jusqu'à présent le placement privilégié des investisseurs. En termes de flux nets de capitaux, la dette, souveraine et d'entreprise confondues, a en effet réussi à capter 32 milliards de dollars, contre la moitié, environ 15 milliards pour les actions.« Les actions ont été fortement touchées par la hausse de l'aversion au risque en avril-mai », souligne Thomas Fallon, gérant à la Française des Placements, qui rappelle au passage qu'à fin mars les actions avaient pourtant attiré 30 milliards de dollars. « Les investisseurs sont sortis des actions pour aller sur l'obligataire. » Les pays émergents, qui ont un besoin en capitaux estimé à 75 milliards de dollars cette année, ont d'ores et déjà réalisé une grande partie de leurs émissions - en dette locale - puisqu'ils ont levé l'équivalent de 50 milliards depuis le début de l'année.Si les étrangers sont présents à l'appel, c'est qu'ils sont convaincus par les fondamentaux globalement solides de ces pays, expliquent les experts. Les ratios de dettes publiques (en moyenne autour de 30 % à 35 %) sont bien meilleurs que ceux des pays développés, leur taux de croissance est plus favorable.À fin juin, l'indice MSCI des actions émergentes cédait 5,4 %. À titre de comparaison, sur la même période, l'indice de la dette externe a gagné 5,6 %, celui en dette locale 5,4 %.Enfin, et c'est sans doute un argument qui plaide également en faveur de cette classe d'actifs?: l'univers « investissable » est en croissance très nette ces dernières années, précise Thomas Fallon. « Jusqu'à présent les investisseurs internationaux n'avaient pas forcément accès au marché de dette locale, mais c'est en train de changer », explique-t-il. Le Mexique, le Brésil et la Colombie ont par exemple récemment réalisé des émissions en pesos et en reals sur le marché international.Marjorie Bertouille
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