Fragile sortie de crise pour la zone euro

Il y a à peine deux mois, une douzaine d'économistes de la City à Londres promettaient la fin prochaine de la zone euro, du moins dans sa forme actuelle. « Un refuge pour les pays faibles » dans cinq ans, avait même lancé l'un d'eux, Doug McWilliams, du Centre de recherches économiques et des affaires (CEBR) dans le « Sunday Telegraph ». Aujourd'hui, il n'est pas certain que ces prévisionnistes tiendraient le même discours. L'euro s'est redressé et tangente 1,30 dollar. Les « PIIGS », l'acronyme qui désignait au printemps les pays les plus vulnérables (Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne) ayant nécessité un plan européen de soutien de 750 milliards d'euros monté avec le Fonds monétaire international (FMI), ont cessé d'être la cible d'une spéculation débridée. « Last but not least », le « stress test » qui vient d'être publié a rassuré les marchés sur la santé de la majorité des banques européennes. Taux d'intérêt encore élevéMardi encore, l'Espagne a placé sans trop de difficultés 3,4 milliards de dollars d'euros de bons entre 3 et 6 mois, le taux de rendement reculant par rapport au mois précédent pour la première fois depuis mars. Même évolution pour les obligations à 10 ans espagnoles et irlandaises, et portugaise pour l'échéance 2014, même si les taux d'intérêt restent encore élevés pour ces pays par rapport à 2008. Autre signe de normalisation, la Banque centrale européenne (BCE) a confirmé mercredi qu'elle va prochainement sortir très prudemment des mesures anti-crise mises en oeuvre ces derniers mois pour refinancer les banques. En fin de semaine dernière, de bonnes nouvelles sont également venues d'Allemagne et de Grande-Bretagne sur le front de la croissance. Pour autant, le retour d'une pleine confiance dans les milieux économiques se fait attendre. C'est à propos des plans de rigueur mis en place par la plupart des États membres de la zone euro que les questions sont les plus insistantes. « Sont-ils assez ambitieux pour rassurer structurellement les marchés », s'interrogent les experts de Carmignac Gestion dans une note, avant de répondre sèchement : « Nous en doutons. Mais au moins, conjugués avec le plan de soutien conjoint de la BCE et du Fonds monétaire international, sont-ils de nature à apporter un répit. » A plus long terme, ce sont les institutions dont dispose la zone euro pour assurer la gouvernance économique qui inquiètent les experts. Certes, l'Allemagne et la France ont promis au printemps une surveillance accrue en matière budgétaire. Mais dans les faits, « la BCE a été l'institution clé dans la résolution de la crise et demeure pour l'instant la seule vraiment capable d'agir au nom de la zone euro », estime Vincent Broyer, économiste chez Natixis. Pour cette raison aussi, « il n'est pas évident que le répit sur le marché et sur la crise souveraine soit durable », dit-il.
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