Les syndicats européens prédisent une crise sociale

Près de 100.000 syndicalistes venant de 24 pays européens doivent converger ce mercredi pour battre le pavé dans les rues de Bruxelles et dire dans toutes les langues : « Non à l'austérité ». A leur tête : John Monks, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES). Dans un entretien accordé à « La Tribune », il affiche son inquiétude sur la situation sociale : « Le plus dur reste à venir. C'est le calme avant la tempête », car « la crise sociale n'a pas encore vraiment commencé  ». Pour le Britannique, « dans la plupart des pays, les coupes budgétaires sont prévues mais pas encore appliquées. L'hiver et l'année prochaine vont donc être misérables.  » Les grèves et manifestations ne font selon lui que commencer. « Nous ne souhaitons pas l'anarchie mais voulons être entendus, à un moment où les marchés semblent conduire les politiques gouvernementales ».Les plans d'austérité draconiens adoptés à travers l'Europe font, selon le syndicaliste, resurgir des risques du passé. « En 2008, j'avais félicité les gouvernements européens de ne pas avoir fait la même chose qu'en 1931 : des coupes budgétaires en plein milieu d'un crash. Ils ont maintenu les dépenses et ont permis à l'économie de ne pas se porter si mal. Le grand crash de 2008 n'a pas eu lieu ». Mais la Grèce est passée par là. John Monks est convaincu que « les gouvernements ont paniqué ». S'ils avaient fait front commun, « l'Europe aurait pu lever des fonds sur les marchés, certainement avec une notation AAA, pour venir en aide aux économies fragiles et réduire immédiatement les déficits ». Au lieu de cela, la Grèce, « qui a triché », « fait face à des mesures disciplinaires très sévères comme un enfant mal élevé ». Aujourd'hui, les Grecs ont « le sentiment d'être une colonie de l'Union européenne ».scepticismeCroyant à l'emploi et à la croissance plutôt qu'à la limitation des déficits et de la dette, John Monks est sceptique face aux nouvelles sanctions que Bruxelles doit proposer ce mercredi pour mieux dissuader tout laxisme budgétaire. « Ce document de la Commission devrait s'intituler : « Comment rendre l'Europe vraiment impopulaire  ! », s'exclame-t-il.Face à la crise, les syndicats européens clament que ce sont ceux qui ont les reins les plus solides qui devraient supporter les charges les plus lourdes. Parmi les alternatives aux mesures d'austérité, John Monks propose ainsi le recours aux eurobonds et la création de la taxe sur les transactions financières « qui pourrait lever d'importantes sommes d'argent qui serviraient à améliorer la colonne des recettes des comptes publics ». Exactement l'opposé de ce que le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet proclame.(Lire aussi pages 30 et 43).
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