Proglio entend faire d'EDF le premier actionnaire de Veolia

Il n'y avait pas foule mardi soir dans les couloirs de l'Assemblée nationale pour accueillir Henri Proglio, futur patron d'EDF, venu défendre son projet industriel devant la commission des Affaires économiques. Et pourtant, le PDG en titre de Veolia Environnement était visiblement très ému face à la quinzaine de députés (sur 73 membres) qui s'étaient déplacés pour cette audition fermée à la presse. En terrain connu, saluant la plupart par leurs prénoms, Henri Proglio a néanmoins « mis du temps à se sentir à l'aise », selon un député présent. Ce qui ne l'a pas empêché de lever la plupart des réticences. « On buvait du petit-lait, confie un socialiste. Il a dit des choses que le PS répète depuis des années. Il a plutôt jeté le trouble dans les rangs de l'UMP. »À l'issue de l'audition, à minuit passé, les avis du camp UMP étaient pourtant unanimes? : « très franc, très direct, cela change », confiait un député. « Il a une ambition, une vision, il est très convaincant », ajoutait un autre. « Une grande liberté de parole », se félicitait un troisième.Les sujets qui fâchentHenri Proglio n'a pas éludé les sujets qui fâchent?: il a évoqué son intention de faire d'EDF le premier actionnaire de Veolia (voir « La Tribune » du 28 septembre). L'électricien public, qui détient déjà 4 % de Veolia, verrait sa part monter à environ 15 % en échange de la vente de ses 34 % de leur filiale commune Dalkia. Selon nos informations, si sa tutelle est d'accord, Henri Proglio envisage de boucler l'opération d'ici à la fin du premier semestre 2010.Quant au risque de conflit d'intérêts ? puisque le futur patron d'EDF gardera, « au moins dans une phase transitoire », la présidence du conseil d'administration de Veolia, son entourage l'écarte sans sourciller. « Chaque conseil d'administration diligentera des experts pour valoriser Dalkia. Bien sûr, Henri Proglio ne prendra pas part aux votes finaux. » Si ce projet est mené à son terme, l'État détiendra indirectement environ 25 % du numéro un mondial des services à l'environnement, en incluant les 10 % que possède déjà la CDC.Lors de son grand oral mardi, Henri Proglio, qui prendra ses fonctions le 25 novembre, s'en est pris aussi bien à l'État actionnaire d'EDF qu'à son prédécesseur. Qualifiant l'État de « schizophrène » ? quand le gouvernement demande des investissements à EDF mais rechigne à augmenter les tarifs de l'électricité ? il a aussi largement contesté le bilan de Pierre Gadonneix. Ne serait-ce qu'en fixant « cinq enjeux » pour l'électricien public?: « améliorer le coefficient de disponibilité du parc nucléaire », nettement inférieur à celui des autres exploitants européens?; « renforcer la capacité de la filière ingénierie construction »?; « améliorer la mise en ordre de marche des acteurs français de la filière nucléaire », c'est-à-dire mettre en sourdine la lutte ancestrale à laquelle se livrent EDF et Areva?; « réussir à l'international », notamment en développant des réacteurs de plus petite taille que l'EPR ; enfin, « considérablement améliorer » la relation aux élus locaux et aux clients. Quant à l'achat en cours de l'américain Constellation, il a avoué qu'il « n'était pas sûr qu'il fallait le faire ».
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