Les banques espagnoles provisionnent à tout-va

Prudence ! Cette lapidaire recommandation répétée comme une antienne par la Banque d'Espagne a visiblement inspiré l'élaboration des comptes rendus publics ces derniers jours par les trois grandes banques espagnoles : le Santander (BS) hier, le BBVA la veille et le Banco Popular (BP) lundi. Elles enregistrent sur les neuf premiers mois de l'année une baisse de leur résultat net en glissement annuel : ? 2,8 % pour Santander, ? 7,2 % pour BBVA et ? 32,1 % (mais seulement ? 6 % hors éléments exceptionnels) pour Banco Popular. Un recul léger mais généralisé qui, toutefois, n'est nullement dû au résultat récurrent. Celui-ci continue à progresser, comme le reflète notamment l'évolution de la marge d'intérêt : elle augmente respectivement de 24,3 %, de 19,7 % et de 11,6 % pour les trois établissements. Ce qui témoigne une fois de plus de la forte capacité de captation de l'épargne des banques espagnoles, adossées à leur dense réseau d'agences et davantage centrées que leurs concurrentes étrangères sur les activités de détail. À quoi s'ajoutent pour les deux plus grandes, BBVA et Santander, les bénéfices captés grâce à leur forte présence sur les marchés émergents d'Amérique latine (35 % des résultats sur neuf mois de Santander)Si elles voient malgré tout leur profit décliner, c'est en raison de l'effort de provisionnement de risques qu'exige la Banque d'Espagne. Un provisionnement qui a bondi de 54 % sur neuf mois pour Santander, de 77 % pour le BBVA et de 108 % pour le Banco Popular. « Les banques de notre pays ont mieux résisté que leurs concurrentes à la première phase de la crise, mais elles savent qu'elles doivent maintenant se préparer à une deuxième phase qui sera en Espagne plus longue qu'ailleurs, et qui continuera à se traduire par un chômage plus élevé qu'ailleurs, ce qui accroîtra le nombre de nos mauvais payeurs », relève un responsable d'une grande entité. Effectivement, le taux de créances douteuses et d'impayés reste le grand motif de préoccupation : en un an, il a pratiquement doublé (voir graphique). D'où la priorité accordée à recharger les accus en prévision d'un futur qui s'annonce difficile, plutôt qu'à présenter des résultats rutilants.Une autre manifestation de ce parti pris de prudence est la volonté de renforcer les ratios prudentiels, en ayant recours aux marchés obligataires et/ou à l'augmentation de capital. Ce qui a permis aux trois « grands » de renforcer leur ratio de fonds propres durs au beau milieu de la crise : celui de Santander est passé en un an de 6,7 % à 7,7 %, celui du BBVA de 6,7 % à 8 %, celui du Banco Popular de 6,8 % à 7,9 %. Ce qui, au passage, place les espagnoles en position d'acheteurs potentiels, tant à domicile qu'à l'extérieur, à l'heure où le paysage bancaire mondial est en pleine transformation.
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