Voyages, voyages

expositionC'est l'une des scènes photographiques les plus dynamiques au monde. Dévoilée par Martin Parr lors des Rencontres d'Arles en 2004, révélée en novembre 2008 au Salon Paris Photo dont elle était l'invitée d'honneur, la photographie japonaise attire depuis quelques années tous les regards. C'est dire l'intérêt de l'exposition aujourd'hui présentée par la Maison de la culture du Japon.Aux grands noms du médium tels Araki ou Daido Moriyama, on a préféré ici présenter le travail de cinq photographes et d'un vidéaste peu connus hors de leur pays. Le plus âgé, Koji Onaka, est né dans les années 1960. Ses comparses n'ont pas plus d'une trentaine d'années. Leur point commun ? Un travail autour du thème du voyage, l'un des plus prisés du 8e art.S'il existe en France une tradition des photographes voyageurs partis explorer le Moyen-Orient dès le mitan du XIXe siècle, rien de tel au Japon. « La photographie de voyage passait alors par les étrangers, comme Felice Beato (1825-1906), explique Satomi Fujimura, la commissaire de l'exposition. C'étaient eux qui venaient photographier le Japon. Par la suite, de riches Japonais ont commencé à immortaliser les paysages locaux par plaisir. Et il faut attendre les années 1920 pour que quelques-uns, très rares, rapportent des photos de leurs voyages à l'étranger ».C'est donc à d'autres traditions que se sont attaqués les photographes réunis pour cette belle exposition. Dans la ligne de mire de Naoki Ishikawa, le mont Fuji, passage obligé pour tous les grands peintres japonais. À commencer par Hokusai, qui s'en est inspiré pour de sublimes et majestueuses estampes. Mais qu'on ne compte pas sur Ishikawa pour en obtenir une vision de carte postale. Photographe et alpiniste, notre homme s'est attaché à l'aridité d'une montagne qui apparaît ici comme dangereuse, raide, pas forcément belle avec ses bicoques en parpaing construites à la va-vite à flanc de montagne. Et l'on se demande au fil de ces 18 images au bleu délavé, à la neige jaunâtre, s'il est possible de ressortir vivant d'une telle ascension.Koji Onaka perpétue pour sa part une autre tradition typiquement japonaise, celle de l'errance urbaine. Aux mégalopoles, il a néanmoins préféré de petites villes, saisissant tel Atget au petit matin, des lieux extrêmement banals. Une architecture faite d'imbrication et de tôles, amenée à disparaître.Les photos aux couleurs chaudes réalisées par Toshiya Momose en Inde sont elles aussi désertées par les hommes. Et pourtant ils y sont omniprésents. Car les dizaines de plaques se chevauchant sur un mur, les détritus laissés sur la plage, les étals de poisson en attente de clients, disent comment les gens vivent en ces lieux que l'on devine surpeuplés.Au fond, c'est peut-être le vidéaste Hiraki Sawa qui est le plus représentatif de cette nouvelle génération de photographes plasticiens nippons, dont le travail donne à voir un monde aussi poétique qu'onirique. On décolle alors à ses côtés pour un voyage imaginaire effectué à bord d'un drôle d'avion virevoltant dans son appartement, avant d'atterrir dans un monde scintillant peuplé de chameaux et de biquettes, conçu à la palette graphique sur un morceau de tissu. Embarquement immédiat. Yasmine YoussiVoyages, à la Maison de la culture du Japon à Paris, 101 bis, quai Branly, 75015 Paris. Tél. : 01.44.37.95.00. Jusqu'au 23 janvier. www.mcjp.asso.fr.
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