Quand la Chine expose sa puissance

Des vestes Mao aux téléphones portables, un film présente en huit minutes une rétrospective zapping des trente dernières années de l'histoire du pays. Ou comment le pays le plus peuplé du monde a préparé son décollage économique, tirant au passage des centaines de millions de paysans de la pauvreté. Les visiteurs chinois vont pouvoir visionner ce film à partir du 1er mai, jour de l'ouverture au grand public de l'Exposition universelle de Shanghai. Il sera projeté sur trois écrans géants dans une salle du pavillon chinois - situé symboliquement à 49 mètres de hauteur, pour rappeler la date (1949) de la révolution communiste. Son titre :  « la Chine harmonieuse ».Une mise en scène du mondeOn ne pouvait mieux résumer l'état d'esprit des dirigeants chinois, qui s'apprêtent à accueillir ce vendredi soir à Shanghai de nombreux chefs d'État étrangers, dont Nicolas Sarkozy, redevenu l'ami de Hu Jintao (voir ci-après), pour la cérémonie d'ouverture de l'Exposition universelle. Moins de deux ans après l'organisation réussie des Jeux olympiques à Pékin, les héritiers du régime communiste s'apprêtent à montrer une nouvelle fois leur savoir-faire dans la diplomatie d'influence - le fameux « soft power », version moderne des préceptes de Sun Tze - pour orchestrer une gigantesque opération de propagande. Sauf que cette fois, c'est d'abord le public chinois qui est visé. Car l'Exposition de Shanghai a beau être universelle (192 pays sont représentés), les visiteurs, eux, seront essentiellement locaux : sur les 70 millions de personnes attendues pendant les six mois que durera l'Expo (entre le 1er mai et le 31 octobre), 95 % viendront de Chine. Pékin ne s'y est pas trompé : deux ans avant le départ programmé du président Hu Jintao et du Premier ministre Wen Jiabao et l'arrivée d'une nouvelle génération de dirigeants à la tête du pays (on parle de la « cinquième génération »), « l'Expo 2010 » a été conçue depuis le début comme un formidable instrument de communication destiné à vanter les réalisations de l'équipe au pouvoir et à renforcer la légitimité du Parti communiste chinois. « Les JO de 2008 et l'Expo de Shanghai constituent deux événements miroirs, analyse un investisseur étranger français présent en Chine depuis quinze ans. Lors des Jeux olympiques, la Chine a voulu montrer au reste du monde qu'elle existait ; cette année, l'Exposition de Shanghai s'apparente à une mise en scène du monde par la Chine. » Les pavillons nationaux qui ouvrent leurs portes aux visiteurs n'ont pas lésiné sur les budgets, multipliant les prouesses technologiques. Dans six mois, la quasi-totalité d'entre eux seront démontés. Sauf le pavillon chinois, prévu pour rester permanent. Rarement, l'empire du Milieu n'avait autant mérité son nom.
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