Le modèle autrichien résiste bien à la crise

En dix-huit mois, l'Autriche a vu son taux de chômage progresser de 1,2 point selon Eurostat, à 5 %. C'est le deuxième meilleur taux de l'Union européenne derrière les Pays-Bas. Pour Walter Pudschedl, économiste chez Bank Austria, cette tenue du marché du travail est « une bonne surprise ». Il l'explique d'abord par la mobilisation de l'État. Comme en Allemagne, il y eu le recours à des mesures de chômage technique largement subventionnées, mais aussi des moyens supplémentaires fournis à l'AMS, équivalent du Pôle emploi, notamment en formation et en personnel. Dans l'agence de l'Esteplatz, au sud de la vieille ville de Vienne, Brigitte Knapp-Sattler, sa directrice, reconnaît que l'aide du gouvernement lui a permis de faire face à une augmentation de 10 % du nombre de chômeurs, notamment grâce au recrutement de nouveaux conseillers. Et si l'on voit parfois une file se former devant les guichets du hall d'entrée, c'est, affirme Brigitte Knapp-Sattler, en raison d'une nouvelle organisation plus que de la crise. Une des clés de la réponse autrichienne, c'est le soutien à la formation, notamment en subventionnant des postes pour les jeunes ou des formations complémentaires dans le cadre de congés. Selon Markus Wilk, expert à l'AMS, ces mesures représenteraient « deux tiers des mesures actives mises en oeuvre pendant la crise ». En tout, 80.000 Autrichiens profitent de ces aides pour 200.000 chômeurs. Markus Wilk voit cependant dans la structure légale du marché du travail autrichien la source d'une « dynamique naturelle ». Ainsi n'existe-t-il pas, par exemple, de protections des CDI, qui peuvent donc être dénoncés facilement à tout moment. Cette flexibilité, selon Markus Wilk, fait que si « le nombre de chômeurs peut être important, la durée du chômage est souvent assez courte en Autriche ». deux défis à venirReste que la crise a fait grimper plus rapidement que la moyenne le chômage de longue durée. Brigitte Knapp-Sattler reconnaît d'ailleurs que naît chez certains, notamment les moins bien formés, un certain sentiment de désespoir. Elle s'inquiète d'ailleurs de voir ses moyens pâtir des projets de consolidation budgétaire du gouvernement. D'autant que la reprise économique modeste ne permettra pas d'améliorer la situation alors que certaines entreprises, comme IBM à Vienne, évoquent des licenciements. Malgré tout, au pays de Mozart, on reste confiant dans son modèle. « Même si les perspectives sont légèrement négatives pour 2010 et 2011, le système a fonctionné et portera à nouveau ses fruits lorsque la croissance reviendra », conclut Markus Wilk. Pourtant, Walter Pudschedl évoque deux défis pour l'emploi autrichien : la décision du gouvernement de verser un revenu minimum aux chômeurs de longue durée en septembre 2010 qui pourrait, selon lui, freiner « la dynamique du march頻 et, surtout, la fin de la période transitoire concernant l'ouverture du marché du travail aux ressortissants des pays d'Europe centrale au printemps 2011. Le modèle autrichien pourrait alors connaître en 2011 sa véritable épreuve du feu. Romaric Godin, à Vienne
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