Air France pose ses conditions à la remotorisation de l'A320

Un véritable pavé dans la mare qui va alimenter la réflexion d'Airbus sur son projet d'améliorer sa famille d'avions moyen-courriers A320. L'un de ses plus gros clients, qui fait partie des faiseurs d'opinion dans le secteur, pose ses conditions. Et non des moindres puisqu'il s'agit d'Air France et plus particulièrement de Pierre Vellay, conseiller exécutif pour la stratégie de flotte auprès du président d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, et du directeur général, Pierre-Henri Gourgeon. Ses remarques sont toujours écoutées très attentivement par les avionneurs en raison de sa grande expertise. « Nous sommes hostiles à une remotorisation seule de l'appareil sauf si, d'ici à 2015-2016, elle s'accompagne d'une amélioration de la voilure, de la traînée et d'une réduction de la masse », explique Pierre Vellay. Pour cela, « les coûts d'exploitation directs de l'avion doivent être réduits de 10 % à 14 % », précise-t-il à São José dos Campos au Brésil en marge de la livraison du vingtième Embraer 170 à la filiale d'Air France Regional.Airbus doit décider de lancer ou pas un A320 relifté d'ici à la fin de l'année. Outre une nouvelle motorisation pouvant apporter une réduction de 16 % de la consommation de carburant, l'avionneur étudie, en effet, une modification de la voilure et a demandé aux équipementiers de plancher sur des équipements plus légers. Boeing semble privilégier, lui, une simple remotorisation de ses B737. Mais, avant de se lancer, Airbus doit convaincre les grandes entreprises de location d'avions réticentes de voir dégringoler la valeur résiduelle de leurs vastes flottes d'A320 en cas d'amélioration de cette famille de monocouloirs. Un point d'ailleurs crucial pour Air France, qui entend continuer à faire appel à des locations opérationnelles.UrgenceLes demandes d'Air France sur un gain important de performances s'expliquent par l'urgence des besoins. Disposant d'une flotte d'environ 150 A320, dont les premiers ont plus de 20 ans, Air France a besoin d'avions plus économiques pour les remplacer à partir de 2010. Ce qui n'est pas le cas de KLM qui a changé ses moyen-courriers au début des années 2000 avec des B737-700 et 800.Dès 2000, la compagnie française misait sur un nouvel A320. Mais à partir de 2006, le calendrier n'a cessé de déraper. Aujourd'hui, il est prévu à l'horizon 2025-2027. Confrontés aux déboires de leurs programmes long-courriers et militaires, les avionneurs n'ont pas les ressources pour lancer un nouveau programme moyen-courrier. D'autant que les A320 et B737 continuent de bien se vendre grâce aux compagnies des pays émergents et/ou low-cost. Pour autant, l'arrivée de nouveaux acteurs sur ce segment de marché, à l'image du chinois Comac et du russe Irkut qui préparent un avion de 150-200 sièges à l'horizon 2015-2016, pousse Airbus et Boeing à trouver une solution d'attente. Avec un inconvénient de taille : plus la barre pour un A320 relifté sera haute et plus de temps il faudra pour concevoir le coup d'après, un appareil en rupture technologique.
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