Pierre Moscovici tend la main au Medef... qui n'a pas l'intention de la lâcher

Pierre Moscovici a eu droit à un accueil bien plus chaleureux que Sylvia Pinel. A l\'université d\'été du Medef, et malgré un contexte tendu, le ministre de l\'Economie était reçu avec le sourire par Pierre Gattaz. \"Je veux vous faire applaudir pour avoir eu le courage d\'utiliser le terme de \'raz-le-bol\' fiscal\", a lancé le patron des patrons au ministre en guise d\'introduction. Un raz-le-bol qui aurait pu servir de thème à ces deux jours de débat, tant il était au coeur des discussions. Aux exaspérations des patrons, à l\'appel de leur nouveau chef de file la veille, Pierre Moscovici a répondu par une série de promesses. Auxquelles le numéro un du Medef a répondu... par de nouvelles demandes. Compensation de la hausse des cotisationLa première promesse du ministre de l\'Economie tendait à rassurer après l\'annonce d\'un projet de réforme des retraites sévèrement critiqué pour sa \"timidité\" et pour la hausse des cotisations prévue. Concernant les cotisations patronales, la \"hausse sera entièrement compensée par la baisse des cotisations familiales\", et ce jusqu\'en 2017 a promis Pierre Moscovici. Et ce afin que \"la réforme des retraites ne pèse pas sur le coût du travail\".  Le ministre n\'a pas précisé par quel biais ce transfert sera effectué et sur qui, finalement, reposera la hausse. Engager la simplification par ordonnancesSur l\'autre exigence des entrepreneurs, la simplification, l\'exécutif répond par une méthode expéditive : les ordonnances. Pierre Moscovici prévoit de présenter une demande de loi d\'habilitation à cette fin \"dès le 4 septembre\". La simplification peut faire gagner \"jusqu\'à 0,8% de PIB\" a-t-il argué.Dans l\'opposition, Jean-François Copé, l\'actuel président de l\'UMP avait promis un gouvernement par ordonnances, signe à ses yeux d\'efficacité. Bientôt de nouvelles réductions du coût du travail?\"Le crédit d\'impôt pour la compétitivité et l\'emploi n\'épuise pas la réflexion de la baisse du coût des facteurs de production\", et notamment du travail, a indiqué le ministre. Plus d\'un an après le rapport Gallois, un nouveau cycle de réflexion est donc lancé. Il invite le Medef, l\'Afep et la CGPME a Bercy pour que, dans le projet de Budget 2014, la fiscalité de la production soit révisée. Des graines pour \"les pigeons\"Pierre Moscovici a par ailleurs évoqué l\'épisode des \"pigeons\" l\'an dernier.\"Mr Roux de Bézieux s\'en souvient\", a-t-il lancé, dans un clin d\'oeil à l\'ancien patron de CroissancePlus, l\'un des chefs de file du mouvement et actuel membre de la direction du Medef. Avec d\'autres entrepreneurs, il s\'opposait l\'année dernière à la réforme programmée des plus-values de cession. Bercy réfléchit à un système \"plus avantageux\", a même précisé le ministre. Réduction des dépensesLe ministre a en outre répété avec force la promesse de réduction des dépenses. \"57% de dépenses dans le PIB, ça ne va pas\". Haussant le ton, il a martelé: \"il faut réduire le poids des dépenses dans le PIB\" et rappelé que l\'Etat supprimait 2.300 emplois publics par an. Là encore, le détail des coupes budgétaires sera annoncé dans le prochain projet de loi de finances pour 2014 qui doit être discuté par les parlementaires à l\'automne. Il a en outre promis que le CICE sera \"exclu du contrôle fiscal\". C\'était l\'une des craintes des chefs d\'entreprise. Selon une avocate fiscaliste, présente dans l\'assistance, ceux-ci auraient même été \"60% à se montrer réticents\" à cause de cet aspect. Le Medef ne lâche pas le morceau (de croissant)Après son appel de la veille, puis de nouvelles demandes, et même après l\'annonce des propositions de Pierre Moscovici, son hôte n\'a pas lâché le morceau. Dans la ligne d\'une stratégie de l\'opiniâtreté, il a poursuivit la liste des griefs et invité le ministre à \"faire le tri dans le musée des horreurs\".Réaffirmant, au sujet des retraites, qu\'une compensation entière de la hausse par un transfert des charges de la branche famille famille il a notamment insisté sur \"l\'urgence\", arguant que les entrepreneurs ne pouvaient attendre 2015 ou 2016, et que la courbe du chômage risquait non pas de s\'inverser, comme le promet François Hollande, mais d\'atteindre \"12% à Noël\". Il a toutefois accepté la main tendue de Pierre Moscovici pour la réforme de la fiscalité de la production dans le Budget 2014. Ce qui lui a donné l\'occasion de finir sur une note ironique, non dénuée de sarcasme: \"dès lundi matin, j\'arrive chez vous, j\'apporte les croissants... pour que vous ne les taxiez pas\".  >> Suivez en direct l\'Université d\'été du Medef
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