Du beau, du brut, du LaM

Paris, à l'aube des Années folles. Alors que l'heure du bac approche, Jean Masurel (1908-1991), fils d'industriels du nord de la France, choisit d'aller réviser chez son oncle, Roger Dutilleul (1873-1986), dans la Ville lumière. Et découvre l'extraordinaire collection de ce dernier. Il y a là des Braque, des Picasso, des Modigliani. Il n'en faut pas plus au jeune homme pour attraper le virus de l'art. Et pour commencer lui aussi à acheter sculptures et tableaux de son temps. Les trésors amassés par les deux hommes ont ensuite été donnés à la communauté urbaine de Lille. Pour les accueillir, un très beau musée de briques roses aux lignes modernistes voit le jour à Villeneuve-d'Ascq en 1983. Depuis, l'établissement n'a cessé d'acquérir de nouvelles pièces. Mais où les exposer ? Et surtout comment mettre en valeur l'extraordinaire collection d'art brut offerte par l'association l'Aracine. Une seule solution : agrandir le bâtiment. Après plus de quatre ans de travaux, le musée d'art moderne Lille Métropole, désormais baptisé LaM, se révèle éblouissant tant l'architecte Manuelle Gautrand a su prolonger l'espace avec une rare subtilité en concevant un écrin de béton ciselé comme un moucharabieh. Ce qui permet à la lumière naturelle de s'inviter au sein des salles conçues en fonction des oeuvres qu'elles accueillent. Toutes ont été regroupées par thème ou par époque (art moderne, contemporain et brut). L'occasion pour le visiteur de remonter le cours de l'histoire de l'art en une déambulation magique. Ainsi, la femme fauve aux cheveux bleus de Van Dongen succède aux xylographies primitives de Derain, veillées par un masque africain semblable à ceux qui ont inspiré Modigliani ou Picasso. Les tableaux de Dubuffet ouvrent la porte à l'art brut, cet art des fous défendu par l'artiste dès 1945. L'occasion de se familiariser avec les plus grands noms du genre tel Aloïse Corbaz et ses femmes sensuelles. Ou encore le dérangeant Henry Darger. Mais l'art brut c'est aussi des oeuvres sculptées, brodées, habitées. Comme celles d'Augustin Lesage qui tentait de créer le temple idéal dans ses grands tableaux.Seul petit bémol à ce superbe ensemble, la collection d'art contemporain. Certes, il y a là des pièces magistrales comme celles de Boltanski ou Buren. Mais l'ensemble est trop franco- français, alors que depuis soixante ans, Paris a perdu son titre de capitale des arts. Exposition temporaire « Habiter poétiquement le monde » jusqu'au 3O janvier. www.musee-lam.fr
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