La vogue du « crowd funding »

On appelle cela le « crowd funding » : le financement par la foule, en l'occurrence les internautes. EuropaCorp (lire ci-dessus), la société de Luc Besson, est déjà partenaire de Peopleforcinema.com. Créé il y a six mois, ce site permet de miser de l'argent sur des films bientôt à l'affiche et de participer au financement de leur distribution. à ce jour, il a ouvert les mises sur 8 films, choisis sur le catalogue des distributeurs partenaires, dont EuropaCorp, et récolté 300.000 euros. 12.000 membres inscrits ont investi en moyenne 90 euros et trois films (« le Siffleur », « Brothers », « Enter The Void ») sont déjà sortis.Le système se prête mal à la participation des internautes sur des gros budgets : leur part sera très faible et ils ne commenceront à toucher des recettes qu'après un nombre très élevé d'entrées. « Et il serait difficile d'expliquer aux internautes qu'un film à plus de 1 million d'entrées ne leur permet pas encore de récupérer leur mise », explique Simon Istolainen, cofondateur et directeur général de Peopleforcinema. Mais dans un contexte de crise du financement de la production cinéma, avec des apports en baisse des chaînes de télévision et des distributeurs en salles à l'étranger, « les internautes peuvent apporter un complément », tout comme des fonds privés, ouverts à des investisseurs pour réduire leur fiscalité, ajoute Serge Hayat, financier et associé à Peopleforcinema. Toutefois, à ce stade, « penser que l'on peut lever 5 millions d'euros sur Internet sur un film n'est pas réaliste. Cela ne peut pas révolutionner le financement aujourd'hui ».Exemple du chanteur GrégoireDans la musique, où les coûts de production sont moins élevés, MyMajorCompany.com, détenu à 50 % par Stéphane Courbit (Financière Lov), a vu le chanteur Grégoire vendre 900.000 albums en 2009. Avec un apport moyen de plus de 100 euros, les internautes ont multiplié par 17 leur mise. La société se voit comme un dénicheur de talents, risque que des maisons de disques en crise peuvent de moins en moins prendre. « Mais si un artiste rencontre le succès, qu'il sort un disque, qu'il doit faire un clip... on investit sur lui bien au-delà de la mise des internautes » explique Sevan Barsikian, cofondateur.L'envie des internautes semble là. En 10 jours, un artiste de MyMajor vient de recueillir 100.000 euros. Le modèle sera dupliqué sur les livres via MymajorCompany Books, coentreprise avec l'éditeur XO. Les internautes peuvent miser 10 à 500 euros sur de jeunes auteurs, pour financer un tirage à 10.000 exemplaires. Plus artisanal, MyShowMustGoOn.com est ouvert aux mises sur des spectacles vivants ou des tournées. Chez FansNextdoor.com ou KissKissBankBank.com, on peut miser sur tout : projets de designer, jeu video, musique, spectacle, et même la carrière d'un cheval de course. Des modèles encore embryonnaires. Isabelle Repito
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