Le capital-risque français devient frileux

Les investissements dans de jeunes start-up ont progressé de 12 %, au premier semestre, alors que ceux liés au capital-développement ont bondi de 82 %.
Copyright Reuters

Le capital-risque français ne remplit plus vraiment sa mission. « L'un des rôles du capital-risque est d'investir dans de jeunes pousses », rappelait début octobre Sabine Fillias, associée chez Chausson Finance, spécialisé dans la levée de fonds. Or les investissements effectués par des sociétés françaises de capital-risque ont progressé de 12 % seulement au premier semestre, à 316 millions d'euros, selon une étude de l'Association française des investisseurs en capital (Afic) et du cabinet Grant Thornton. Alors que, dans le même temps, les investissements en capital-développement - destinés à financer des entreprises bien installées et déjà rentables - ont bondi de 82 %, à 1,5 milliard d'euros. Les investissements en capital-transmission, consacrés au rachat de sociétés matures via des LBO (Leveraged buy-out : acquisition par endettement) ont eux aussi connu un excellent semestre, avec une envolée de 35 %, à 2,4 milliards d'euros.

Autre signe de la frilosité à injecter de l'argent dans de toutes jeunes start-up, plus de la moitié (53 %) du total de 4,3 milliards d'euros investi par le private equity français au premier semestre a été allouée à des sociétés déjà en portefeuille. Les prochains mois ne s'annoncent pas meilleurs : les intentions d'allocations vers le capital-risque ont été divisées par plus de trois en un an, à 72 millions d'euros au 30 juin.

Désaffection

L'une des explications de cette désaffection réside dans la loi de finances 2011, qui a bridé la capacité d'investissement des FIP (fonds d'investissement de proximité) et des FCPI (fonds commun de placement dans l'innovation), principaux acteurs du capital-risque. Depuis le 1er janvier, les PME ne peuvent en effet recevoir plus de 1,5 million d'euros provenant de ces fonds de défiscalisation. Si le capital-risque se montre moins prodigue, c'est également en raison de la difficulté croissante à trouver de l'argent. Le private equity français a levé 1,47 milliard d'euros seulement, au premier semestre, une somme prochement du plus bas niveau historique touché au premier semestre 2009, dans le sillage de la faillite de Lehman Brothers. Une situation qui résulte de la crise financière mais également des nouvelles réglementations en matière de fonds propres auxquels sont soumis les banques et les assureurs, traditionnels pourvoyeurs de fonds du capital-investissement.

« Le capital-risque français est en danger », s'inquiète Chloé Magnier, chef économiste à l'Afic. Souligant le rôle « essentiel du capital-risque dans le soutien à l'innovation », l'Afic évoque la publication d'un Livre blanc, en fin d'année ou début 2012, afin de mettre en exergue « les mesures simples et efficaces indispensables pour faire évoluer cette situtation préoccupante, et qui sont du ressort des pouvoirs publics. »

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.