Folle nuit à Gaveau : Abdel Rahman el Bacha touché par la grâce

Ce week-end, la salle Gaveau a présenté une série de concerts d'une heure à 10 euros par personne. Au programme, de grands solistes venus du monde entier. Un grand succès. Le public en redemande
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 C'est comme ça. C'est injuste mais nul n'y peut rien. Il y a les besogneux qui a force de travail finiront par de devenir de corrects musiciens et puis il y a ceux touchés par la grâce. Ceux qui nous font voyager au delà des mers et au delà de l'univers. Des musiciens habités par leur art et tellement généreux. Abdel Rahman el Bacha fait incontestablement partie de cette deuxième catégorie. Et le concert donné samedi 26 novembre dans le cadre des folles nuits à Gaveau nous en a encore donné la preuve. Au programme, Beethoven et Prokofiev, dont une oeuvre peu jouée, "sarcasmes". Aux accents très modernes, la musique de Prokofiev est d'une extrême difficulté. El Bacha la traduit pourtant parfaitement et avec quelle élégance. Ce pianiste nous rend tellement petits face à son art. Bonheur de la musique, bonheur de l'interprétation, bonheur de transcendance.
Dimanche 27 novembre, parmi les nombreux solistes du jour, Claire-Marie Le Guay, jeune pianiste nous a présenté un savant mélange des genres. Au programme, Bach, Rachmaninov, Tchaïkovsky et Scriabine. Excellent moment dans Bach. La partita pour clavier n 1 nous emmène dans les explorations mystiques du maître. On y retrouve toute la profondeur, l'élan, le rythme et le souffle de ce génie. Et Claire-Marie le Guay a parfaitement rendu cette approche de recueillement inspiré. Elle était toutefois moins à l'aise dans les autres morceaux dont elle se sentait sans doute moins proche. Il faut dire qu'elle n'a pas choisi la facilité. Le dernier morceau de Scriabine, surtout est d'une difficulté technique redoutable. C'est courageux de sa part de le présenter en fin de concert. Elle a surement voulu rendre hommage au maître Horowitz qui, a chaque fin de concert, jouait ce morceau fétiche, sa façon à lui de dire bonsoir à ses auditeurs
Cette "folle nuit de Gaveau" tenue sur deux jours avec cinq concerts d'une heure par jour au prix de 10 euros par spectacle est en tout cas une réussite. Ce haut lieu de la musique classique parisien a fait salle comble pour tous les spectacles. La preuve qu'il y a un public pour la musique classique et que des projets de ce type sont largement plébiscités.
Fort de l'accueil de cette édition, les organisateurs ont d'ores et déjà prévu une nouvelle série de concerts les 31 mars et 1er avril 2012 déclinée sous le même concept de plusieurs spectacles d'une heure par jour au tarif unique de 10 euros par personne.
Pascale Besses-Boumard

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