Jacques Voisin (CFTC) : "Construire, ensemble, la société de demain"

Comment les syndicats français voient-ils leur avenir ? Alors que près de vingt millions de Français, salariés et employeurs, sont appelés à élire leurs conseillers prud'homaux mercredi 3 décembre, La Tribune leur donne la parole. Jacques Voisin (CFTC) y voit un moyen de "défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs et de leur famille".

"Le syndicalisme des XIXe et XXe siècles est mort ; vive le syndicalisme du XXIe siècle !" Le syndicalisme du front du refus, qui consistait à s'opposer systématiquement et par principe à toute évolution, est tombé avec le mur de Berlin. Le syndicalisme d'accompagnement du libéralisme économique, lui, est mis à mal alors que le système qu'il accompagnait vient de révéler sa nocivité. Ces deux approches opposées du syndicalisme lui nuisent plus qu'elles ne le servent. D'où la désillusion des salariés à l'égard du syndicalisme. D'où la quasi-impuissance, à leurs yeux, de l'action syndicale à endiguer la dégradation de l'emploi, à décrocher des augmentations légitimes de salaires et à obtenir de meilleures conditions de travail. D'où, encore, ce sentiment de nos concitoyens d'être pris en otage à chaque mouvement de grève.

Pour la CFTC, la réponse est claire : le syndicalisme sert, aujourd'hui comme hier, à défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs et de leur famille. Ce sont davantage les méthodes de l'action syndicale qu'il convient de révolutionner que les missions mêmes du syndicalisme. L'ambition de la CFTC est de promouvoir un syndicalisme de construction sociale et de contestation responsable qui crée les conditions de la justice et du progrès social pour tous. Ce syndicalisme repose sur un travail incessant des militants syndicaux, partout où le salarié a des intérêts à faire entendre : dans les entreprises, les régions, les branches professionnelles, dans les organismes paritaires, auprès des élus. Pour y parvenir, la CFTC privilégie la négociation de manière à construire, ensemble, la saciété de demain respectueuse de la dignité de la personne. Cela signifie que les délégués syndicaux de la CFTC ne sont pas prêts à approuver toutes les réformes afin d'éviter le conflit. La CFTC sait s'opposer, mais jamais sans proposer d'alternative crédible.

Pour la CFTC, un accord doit être négocié au plus près du terrain, c'est-à-dire dans l'entreprise ou au niveau de la branche. A condition que la loi fixe un cadre que l'accord ne pourra qu'améliorer. C'est pour cette raison que la CFTC estime que le débat actuel sur le travail du dimanche ne doit pas être tranché par la loi. Cela suppose des partenaires sociaux responsables qui sont prêts à engager leur signature pour soutenir et promouvoir les accords qu'ils ont construits. C'est ce courage qu'il faut dans le paysage syndical français et qu'attendent les salariés. Ce même courage doit exister au sein du patronat. A la CFTC, nos délégués syndicaux sont à l'écoute des travailleurs et prennent en compte leurs attentes lors des négociations. Aussi lorsqu'ils s'engagent, c'est parce qu'ils estiment avoir obtenu le maximum au nom de l'intérêt des salariés, mais aussi en tenant compte du bien commun. A quoi bon revendiquer des salaires mirobolants si l'entreprise est en situation délicate et risque le dépôt de bilan ? Le contexte actuel montre que cette prise en compte du bien commun, c'est plutôt du côté des dirigeants d'entreprise qu'elle fait défaut !

Le syndicalisme aujourd'hui sert donc à construire la société de demain, ensemble, entre partenaires responsables, mais en respectant la spécificité de chacun pour éviter les interférences. Le projet de société élaboré par la CFTC et tout entier contenu dans le "statut du travailleur" peut en constituer un point de départ. Car ce projet porté par la CFTC ne peut se résumer à une banale sécurisation du parcours de vie professionnelle. Le "statut du travailleur" est, d'abord et avant tout, un projet de société conçu pour tenir compte des aspirations de tous sur le lieu de travail, mais aussi dans la vie personnelle, familiale, associative. Alors qu'aujourd'hui la vie professionnelle et personnelle comporte des aléas plus ou moins nombreux, les aspirations du travailleur évoluent tout au long de sa vie : tantôt il souhaite travailler beaucoup pour gagner beaucoup ; tantôt il souhaite lever le pied ; tantôt il a envie de prendre un congé sabbatique; tantôt il entend parfaire sa formation pour évoluer professionnellement... Le "statut du travailleur" doit lui permettre de répondre à ses aspirations.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
A mettre les bâtons dans les roues.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Comme vous le définissez, oui le syndicalisme est efficace à l'encontre de ceux qui sont Contre Généralement Tout! Mais Ces Grands Tribuns n'ont jamais rien compris ,les malheureux!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
les syndicats,n ont aucun avenir,tout le monde sait qu ils sont achetes!le proces qui n aboutira jamais est d ailleurs en marche!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.