L'édito de La Tribune : Auto-protectionnisme

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef à La Tribune.

La Chine dévalue sa monnaie pour sauver «ses» emplois dans «nos» usines délocalisées dans l'Empire du Milieu. Le Congrès américain négocie, à l'arraché, un accord pour voler au secours de son industrie automobile proche de la faillite. Sauver Pékin, sauver Detroit, même combat, même danger : le protectionnisme. Les 15 milliards de dollars prévus pour aider deux des trois «Big Three», General Motors et Chrysler, ne sont qu'une première étape dans l'aide que Barack Obama va devoir concéder pour conserver une industrie qui pèse 10% du PIB américain. Certes, ce nouveau revirement idéologique des Etats-Unis n'ira pas sans contreparties: mise sous tutelle publique, réduction de la masse salariale, investissements dans les moteurs propres. Comme en Europe, l'Etat fédéral devient directif pour imposer le changement de modèle économique auquel le secteur automobile n'a pas su, pas pu ou pas voulu, se préparer. Ce plan de soutien porte néanmoins un coup de canif aux principes du «free trade» professés par les Etats-Unis. Nicolas Sarkozy a prévenu, à Douai, qu'il «ne laisserait pas l'industrie automobile française désavantagée par rapport à ses concurrents». Or, le plan français est nettement plus modeste : 220 millions d'euros pour la prime à la casse ; 300 millions d'euros pour le fonds d'investissement ; 1 milliard d'euros pour le crédit auto. On peut donc s'attendre à une riposte de l'Europe et du Japon et cela est inquiétant pour l'avenir du commerce mondial. En agissant ainsi, les Etats-Unis s'exposent à une baisse des investissements directs étrangers, les industriels japonais installés aux Etats-Unis pouvant s'alarmer de cette distorsion de concurrence. De nouvelles barrières douanières pourraient aussi s'élever contre les voitures américaines, alors que GM produit 5 millions de véhicules hors des Etats-Unis (soit plus de la moitié du total), dont 1 million en Chine en 2007. De même que le FMI aimerait surveiller plus étroitement les pratiques de la finance américaine, l'OMC ferait bien de mettre son nez dans les affaires de Detroit.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Et ils s'interrogent sur ce qu'est le socialisme ?

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Avec l'intervention de l'Etat dans l'économie américaine , le capitalisme perd le sens, le fameux "laissez faire, laissez passer " reste un titre, mais le question qui reste posée : peut on imaginer l'apparition d'une nouvelle économie post-capitalis...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.