La coopération internationale n'aidera pas à sortir de la crise

Par Pascal Salin, Professeur émérite à l'université Paris-Dauphine

La coordination des politiques économiques est une erreur. Pour sortir de la crise, chacun devrait mener la politique de son choix.

L'union fait la force, dit-on. C'est ainsi que la réunion récente des dirigeants des pays les plus importants dans le cadre du G20 a été considérée comme un moyen de relancer, par la coopération internationale, la machine économique mondiale ?

Malheureusement, tous les gouvernements répondent de manière erronée à la crise, en pratiquant des politiques de relance budgétaire sous prétexte d'accroître la demande globale. Seulement, la crise ne vient pas d'une insuffisance de demande, mais bien au contraire d'un excès de distribution de pouvoir d'achat d'origine monétaire auquel il a fallu mettre fin. Il est illusoire de penser que l'on peut ? en particulier à l'échelle mondiale ? augmenter la demande globale, et la relance budgétaire se paie tôt ou tard d'une réduction de la demande privée. On risque donc seulement de détourner des ressources de la sphère privée où elles auraient été utilisées de manière responsable vers la sphère publique où elles risquent fort d'être gaspillées. Il ne faut donc pas de relance, ni budgétaire ni monétaire, pas plus qu'il ne faut renforcer des réglementations qui aboutissent nécessairement à freiner l'autorégulation des marchés. On n'obtiendra ainsi que des déficits budgétaires, des distorsions dans les appareils productifs, de l'inflation et un nouveau cycle monétaire avant une nouvelle crise financière.

Et les erreurs ratifiées et coordonnées par les principaux gouvernements du monde ne deviennent pas, par miracle, des remèdes. En réalité, les dirigeants des principaux pays du monde "surfent "sur les idées popularisées par les médias ? relance par la consommation, relance par l'investissement, contrôle des rémunérations des dirigeants, etc. ?, et leur pragmatisme affiché ne cache que leur refus de comprendre les raisons de la crise. Dès lors, comment le cumul des erreurs pourrait-il apporter la guérison ?

Ainsi le G20 n'a-t-il été qu'un immense festival des mythes à la mode. On nous dit, par exemple, que l'économie étant mondialisée, il faut recourir à la coopération internationale dans la définition des politiques économiques. Mais la mondialisation signifie la concurrence à l'échelle mondiale, c'est-à-dire une situation où chaque producteur essaie de faire mieux que les autres en se différenciant. Stimulante pour les producteurs privés, la concurrence devrait l'être aussi pour les politiques économiques : à chacun de prendre ses propres décisions et l'on verra les meilleurs choix.

En réalité, la crise est l'occasion rêvée par tous les politiciens pour essayer de réaliser leurs obsessions. Ainsi, aux États-Unis, on profite du prétexte de la relance budgétaire pour augmenter les dépenses dans le domaine de l'écologie ou celles de l'assurance-maladie ; en France, ce sont les réglementations qui sont privilégiées, parce que, dans un pays très attaché à l'égalité, on fustige les plus riches, comme s'ils étaient la cause de la crise, et l'on tente de contrôler les financiers et de limiter parachutes dorés, bonus, stock-options et autres rémunérations.

Dans ce festival des erreurs, des illusions et des prétextes, la coopération internationale n'est qu'une occasion pour chaque gouvernement d'essayer de faire ratifier ses propres choix par les autres afin de les rendre plus convaincants. Mais il ne faut rien en attendre de bon, si ce n'est de nouvelles contraintes imposées à des économies qui auraient besoin d'être libérées. Bien sûr, la prospérité reviendra un jour, grâce au travail des êtres humains et grâce à cette merveille qu'est le fonctionnement des marchés dont l'autorégulation naturelle est gravement malmenée par des politiques monétaires déstabilisantes et des réglementations arbitraires. Et l'on peut parier que les gouvernements s'attribueront le mérite de ce retour à la prospérité, invoquant leurs politiques de relance, leurs réglementations et leur esprit de coopération internationale. Les illusions continueront donc, en attendant la prochaine crise...

 

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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S'il semble effectivement absurde de tenter d'endiguer la crise par des politiques de relance de la consommation dans une société dont la plupart des acteurs surconsomment allégrement, on peut quand même mettre en doute la capacité du marché à s'auto...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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N'en déplaise à M. Pascal Salin, tout émérite qu'il soit, on ne peut plus nier que nos économies soient étroitement liées. Une preuve éclatante, c'est que cette crise qui a des origines similaires à celle de 1929, n'a pas débouché, comme à l'époque, ...

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