Le G20 n'ira plus au "20 Heures"

Par Erik Izraelewicz, directeur de la rédaction de La Tribune.

Tout ça pour ça ! Ce soir, lorsque les grands de ce monde se quitteront, fiers de leur communiqué long et alambiqué, bien des décideurs, nombre de nos lecteurs auront du mal à cacher leur déception. Après les G20 de Washington et de Londres, celui de Pittsburgh devait mettre en musique les principes et décisions arrêtés lors des deux premiers sommets. Cette troisième réunion des chefs d'Etat et de gouvernement des vingt premières puissances de la planète devait donc déboucher sur une "nouvelle régulation de la finance mondiale" - une "moralisation du capitalisme", comme on dit à l'Elysée.

En fait de règles nouvelles, rien de bien spectaculaire cette fois-ci. Les bonus des traders ne seront pas plafonnés, simplement encadrés - ils le sont déjà en réalité. Les paradis fiscaux seront sanctionnés - bien des progrès ont déjà été faits depuis six mois. On obligera les banques qui spéculent à en avoir les moyens - au risque de limiter leur propension à prêter. On travaillera enfin à mieux harmoniser les normes comptables.

Difficile d'affirmer, en l'état, que ce G20 conduit à une véritable révolution. Comme les précédents, le G20 de Pittsburgh a ensuite soigneusement évité les vrais défis de demain : la question du dollar, celle des dettes publiques aussi. Les deux premiers sommets avaient permis d'éviter la catastrophe. Avec ce troisième G20 et ceux qui vont suivre, le monde entre en fait dans une phase nouvelle. D'abord, la planète ayant échappé à l'apocalypse, la pression en faveur des réformes s'est un peu partout atténuée. Au fur et à mesure où l'on s'engage ensuite dans les dossiers, les questions deviennent, naturellement, de plus en plus techniques.

Les effets de tribune sont beaucoup plus difficiles à produire. Le diable est maintenant dans les détails, et il n'est pas facile à repérer. Chacun a mis de l'eau dans son vin : le G20 en est moins glamour. Il n'est plus fait pour le JT de 20 heures ! Quels que soient les résultats de ce soir, le G20 n'en est pas moins désormais une institution utile, indispensable même. En cette période d'interdépendances accrues, les grands de ce monde se parlent - c'est là l'essentiel.

Même s'ils ne se parlaient que de la météo - des sujets des JT de 20 heures donc -, ces G20 n'en seraient pas moins utiles. C'est faute d'une véritable coopération internationale que le krach boursier de 1929 avait débouché sur la dépression des années 1930. Le G20, c'est désormais la forme moderne de la coopération internationale, l'un des noyaux de la gouvernance mondiale émergente.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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mais si le 20h parlera du g20...enfin, il se contentera de parler des emeutes

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