Main basse de Bruxelles sur l'espace

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Le message a le mérite de la clarté. En matière spatiale, "la décision est politique", souligne dans La Tribune le futur commissaire européen à l'Industrie, l'Italien Antonio Tajani. L'Agence spatiale européenne (ESA), longtemps maître d'oeuvre de la politique européenne, se voit ainsi expressément renvoyée à la gestion de la recherche, des appels d'offres et des contrats.

L'ambition de Bruxelles n'est pas illégitime, même si son dernier coup d'éclat, le choix du petit groupe allemand OHB pour le système Galileo au détriment du géant EADS Astrium, a mis à mal les grands équilibres industriels pratiqués jusqu'ici par l'ESA. Sous toutes les latitudes, la politique spatiale relève de la puissance publique. L'accès à l'espace est un enjeu stratégique, plus encore qu'économique. C'est pour asseoir l'indépendance du Vieux Continent que le général de Gaulle a donné, au début des années 1960, son feu vert au lanceur Europa. C'est pour la même raison que ses successeurs lui ont emboîté le pas.

Que l'Europe, puissance en devenir, cherche à prendre le flambeau, pourquoi pas, alors que se redessine sous nos yeux la carte des nations spatiales. Le président Obama enterre le rêve américain d'un retour sur la Lune, laissant la voie libre à la Chine, à coup sûr, et à l'Inde, peut-être. Malgré la disproportion actuelle des budgets : les 2 milliards de dollars annuels de Pékin ne représentent encore qu'un dixième de celui de la Nasa. Le réveil japonais, les progrès du Brésil et de la Corée montrent que les Vingt-Sept ne sauraient s'endormir sur les lauriers, même brillants, des lanceurs Ariane.

Encore faudrait-il que les problèmes de préséance n'occultent pas les objectifs. L'espace, oui, mais pour quoi faire ? Et que l'Europe n'oublie pas que sa politique ne saurait aboutir sans l'appui de ses quatre puissances spatiales (France, Allemagne, Italie et Grande-Bretagne)... 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 08/02/2010 à 9:21
Signaler
Et si la nouvelle génération de satellites de Météo était aussi attribué à OHB au dépend d'ASTRIUM. Scoop ou Intox?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.