De l'art de la guerre et des brevets

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Bien sûr, on peut estimer qu'il s'agit aux États-Unis d'un simple épiphénomène. Les plaintes pour violation de brevets y sont légion et s'apparentent parfois à des demandes de rançon. Le marché des licences, qui est évalué outre-Atlantique à 500 milliards de dollars, suscite les convoitises. Mais la qualité de l'attaquant, la notoriété des sociétés visées et les usages mis en cause donnent un retentissement inattendu à l'action intentée, à la veille du week-end, par Paul Allen.

Le cofondateur de Microsoft, 57 ans, milliardaire philan- thrope, a porté plainte contre le gotha de l'Internet et du commerce en ligne. Il accuse les Apple, eBay, Facebook, Google et autres Youtube d'exploiter illégalement quatre de ses brevets remontant au début des années 1990. Des brevets d'autant plus stratégiques qu'ils facilitent, par exemple, la navigation sur le Net ou permettent les alertes pour les internautes à partir d'un mot clé. Le b.a.-ba sur la Toile, donc.

La dureté de l'affrontement promet d'être à la hauteur de l'attaque. Mais ce sont les motivations de Paul Allen qui intriguent. L'argent ?

L'homme, bien que dépensier (on connaît son goût pour les yachts), fait partie des plus grandes fortunes mondiales. Sans enfant, d'une santé fragile (la maladie l'a conduit à quitter Microsoft en 1983, un cancer le minait encore l'an dernier), il a promis de léguer la majeure partie de sa fortune à des organisations caritatives.

D'éventuelles difficultés de ses sociétés ? Les deux tiers des litiges de ce type se concluent par de fructueux arrangements financiers. Un coup de main donné à un Microsoft miraculeusement épargné par l'offensive? Ou l'orgueil peut-être...

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