Le juste prix de General Motors

L'introduction en bourse s'annonce d'ores et déjà comme un succès. Elle aurait été sursouscrite plus de six fois.
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Gouvernement Motors est mort, vive General Motors ! Un an cinq mois et dix-sept jours après son dépôt de bilan, le constructeur automobile réalise, ce jeudi, son retour sur le New York Stock Exchange (Nyse). Ce symbole du capitalisme américain va enfin pouvoir se débarrasser de ce terrible surnom, vécu comme une véritable humiliation pour un groupe qui régna en maître sur l'automobile mondiale pendant 77 ans. Cette volonté d'indépendance a presque tourné à l'obsession. « Nous voulons que l'État sorte, point final », déclarait son ancien PDG, Ed Whitacre, peu avant son départ. Il leur faudra cependant prendre leur mal en patience. Le Trésor va certes réduire sa participation, passant sous le seuil symbolique des 50 %. Mais il conservera encore 43 % du capital, contre 61 % aujourd'hui. Auxquels s'ajoutent les 10 % qui resteront aux mains du gouvernement canadien.

Avec un financier à sa tête, Dan Akerson, sept ans passés chez le fonds d'investissement Carlyle mais sans expérience dans le secteur automobile, General Motors a procédé ces dernières semaines à un road show aux États-Unis, au Canada et en Europe. Objectif : convaincre les investisseurs de l'assainissement financier du nouveau GM, de son redéploiement stratégique - illustré par la prochaine sortie de sa voiture électrique Volt -, de sa position sur le marché chinois... Bref, de ce redémarrage qui doit relancer le constructeur sur l'autoroute du succès. Après avoir cumulé 88 milliards de dollars de pertes depuis 2005, le constructeur vient d'enchaîner trois trimestres consécutifs dans le vert. Et il promet monts et merveilles pour les années à venir. Tout le monde n'est pas convaincu pour autant. Beaucoup restent sceptiques à l'égard d'un groupe qui a ruiné ses actionnaires et qui gardera l'État comme principal actionnaire.

Pour autant, l'introduction en Bourse s'annonce d'ores et déjà comme un succès. Elle aurait été sursouscrite plus de six fois. La fourchette de prix a été relevée mardi dernier à 32-33 dollars contre une fourchette initiale comprise 26 et 29 dollars et jugée trop attractive par de nombreux professionnels. Le « Barron's », la bible des gérants américains, estime de son côté la juste valeur du constructeur à au moins 39 dollars l'action. Pour le Trésor américain, comme pour son homologue canadien, l'enjeu de cette introduction en Bourse est crucial, après avoir injecté 50 milliards de dollars dans le groupe lors de son dépôt de bilan. Il faudrait même que le titre grimpe de plus de 50 %, à un niveau proche des 44 dollars pour permettre au gouvernement américain de retrouver sa mise. « Si les actions de GM montent suffisamment haut pour cela, alors tout le monde devrait laisser tomber son boulot et se spécialiser dans les introductions en Bourse », ironisait pourtant David Menlow, président de IPOfinancial. De quoi faire rire... jaune à Washington et à Ottawa.

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