La fin de l'euro ou deux euros ?

Il faut envisager la création d'un second euro. Il y aurait un euro dur pour l'Allemagne et ses satellites et un euro "mou" pour les pays en difficulté, estime Marc Fiorentino, d'Allofinance.com.
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Inutile de se voiler la face. L'heure n'est plus à la rustine, ni au cataplasme sur une jambe de bois. On ne réglera pas le problème des dettes des pays développés par des réunions d'urgence de week-end et des plans de sauvetage qui ne reposent que sur des effets d'annonce. On se demande d'ailleurs où est ce fameux Fonds monétaire européen doté de 700 milliards d'euros et dans lequel on était supposé pouvoir piocher en cas de crise grave. Créé après la crise grecque, il n'est toujours pas disponible pour régler la crise irlandaise.

Le problème de la dette n'est pas uniquement le problème de l'Union européenne, c'est également un problème aux Etats-Unis et en Angleterre.

Le raisonnement est simple : les politiques d'austérité sont nécessaires mais pas suffisantes. Elles permettent de réduire le déficit mais ne règlent en rien le problème de la dette existante. Et les politiques d'austérité ne sont même pas réellement applicables car les frictions sociales provoquées deviennent ingérables. Sans évoquer bien évidemment l'impact de cette austérité, pourtant nécessaire, sur une reprise anémique de la croissance.

La solution est connue de tous mais ne sera appliquée qu'après un krach obligataire massif. Un krach obligataire qui a déjà touché la Grèce, l'Irlande, le Portugal, s'approche rapidement de l'Espagne et de l'Italie, et atteindra probablement les États-Unis, et même la France. Cette solution, préconisée par l'Allemagne, c'est la restructuration, le mot politiquement correct utilisé pour ne pas parler de défaut, de la dette des pays développés. Un allongement automatique de la durée des emprunts avec une réduction voire un moratoire sur les intérêts pendant un certain nombre d'années.

Et l'euro dans tout cela ? Rappelons une règle simple. Quand un pays est en défaut, comme ce fut le cas pour l'Argentine ou la Russie, et "restructure sa dette", la dévaluation massive de la monnaie permet de rétablir en partie les grands équilibres. Dans le cas d'un pays de l'Union européenne, l'exercice est impossible. La Grèce pourra restructurer sa dette mais elle ne pourra pas dévaluer sa monnaie. L'euro baisse de 5 % sur la crise irlandaise mais on ne peut pas parler de dévaluation. Si les événements s'accélèrent en Europe, l'euro plongera. C'est d'ailleurs plutôt une bonne nouvelle face aux États-Unis et à la Chine qui pratiquent le dumping avec leurs devises. Mais il ne plongera pas suffisamment pour apporter le coup de fouet nécessaire d'une dévaluation.

Il faut donc envisager un scénario alternatif. Le retour aux monnaies nationales et la disparition de l'euro est impensable. On peut caresser l'idée pour se donner des grands frissons et jouer à se faire peur mais cela n'arrivera pas. En revanche, ne pas donner la bouffée d'oxygène nécessaire aux pays en crise de l'Union européenne est impossible. Dès lors, il faut envisager la création d'un second euro. Il y aurait un euro dur pour l'Allemagne et ses satellites et un euro « mou » pour les pays en difficulté. Un purgatoire temporaire. Une fois la crise passée, le pays concerné retournerait dans l'euro canal historique. Ce « sous-euro » présenterait une décote significative par rapport à l'euro, une décote qui variera en fonction de la gravité de la crise. Ce n'est pas simple, mais c'est moins complexe qu'un retour à la livre irlandaise et à la peseta et plus efficace que le maintien d'une monnaie commune face à des situations aussi contrastées que celles de l'Allemagne et de la Grèce. La priorité est à la restructuration de la dette. Il faudra ensuite réfléchir à la monnaie, en se disant que deux euros c'est mieux que plus d'euro du tout...

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