Le retour souhaitable des IPO

Par Patrick Soulard, banquier d'affaires et animateur du blog "investmentbankerparis.com".
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Shenzhen est devenue la capitale des introductions en Bourse (IPO) dans le monde, supplantant Shanghai, dans une région, l'Asie, où elles abondent. Les États-Unis, de leur côté, enregistrent une très nette reprise, en la matière, même si le niveau d'activité est encore en deçà des hauts niveaux atteints en 2004-2007. La fin d'année va être spectaculairement marquée par le retour en Bourse de General Motors. L'Europe et la France sont quelque peu à la traîne. Après la disette de 2008-2009, la reprise des introductions en Bourse est plus incertaine et a été affectée, cet automne, par quelques couacs, comme le retrait, à la dernière minute, de la mise en Bourse de la participation d'Accor dans le Groupe Barrière ou le placement laborieux d'Enel Green Power, la plus importante des opérations depuis trois ans.

Il est important de redonner une dynamique positive forte au marché des IPO, car cela sera un ressort encore plus important du financement des entreprises de croissance, post-crise et dans le contexte de Bâle III. On peut espérer que le contexte boursier soit plus favorable dans les prochains mois, quand s'ouvrira la saison des introductions en Bourse, avec une confirmation de la reprise économique, fût-elle ralentie, et l'éloignement du spectre de « double dip » et une appétence retrouvée des investisseurs pour les actions, en particulier les valeurs de croissance, que l'on voit poindre avec l'intérêt qui se manifeste pour les valeurs technologiques ou d'e-commerce. La surperformance des petites et moyennes valeurs par rapport au CAC 40 devrait y aider aussi : elle a été de 30 % sur les cinq dernières années et de 15 % depuis le début de l'année si on se réfère à l'indice CAC Midcap-Small cap 190.

Un des avantages de l'IPO, par rapport à d'autres solutions comme les LBO, est de permettre de concilier ce qui est souvent un triple impératif pour les entreprises de croissance : lever des capitaux pour financer la croissance, conserver pour l'actionnaire majoritaire le contrôle de l'entreprise, donner la liquidité aux actionnaires, en particulier les financiers accompagnateurs. La cotation a de nombreux mérites en procurant une plus grande notoriété, la possibilité de lever plus aisément et plus souplement les capitaux nécessaires à la croissance, une liquidité aux actionnaires, des instruments de rémunération pour les managers et les salariés (FCP salariés) et, enfin, un projet motivant et un nouvel élan à l'entreprise.

Ces avantages vont être plus ou moins importants, au regard des contraintes, suivant les secteurs et les entreprises, et notamment en fonction de leurs besoins en capitaux. Orpéaacute;a, leader du secteur boursier des maisons de retraite, secteur de croissance, prisé par les investisseurs et donc bien valorisé, illustre bien la flexibilité que procure la cotation en matière de financement. La société a levé, en 2007, 217 millions d'euros par le biais d'une Obsar, puis, la même année, 63 millions par augmentation de capital et vient, tout récemment, de payer une importante acquisition, pour partie en titres.

Les mérites de la cotation seront d'autant plus grands dans le contexte de Bâle III, qui va rendre le financement bancaire des entreprises, moins bien notées, plus coûteux et plus difficile. C'est un des déterminants du mouvement de désintermédiation bancaire, qui va amener les plus petites entreprises, comme le font les grandes, à se financer beaucoup plus sur les marchés, marchés actions et « equitylinked » (obligations convertibles, Obsar...) et obligataires (obligations corporate, high yield). La cotation favorise, bien sûr, les opérations de financement de type actions. Il nous semble d'ailleurs que, comme aux États-Unis, l'obligation convertible devrait être un instrument de financement beaucoup plus utilisé par les « small et midcaps ». Le fait d'être coté est également beaucoup plus rassurant pour un investisseur obligataire ou un comité de crédit.

Encore faut-il réussir sa cotation lors de l'IPO, ce qui dépend, bien entendu, des « conditions de marché », mais aussi d'un « pricing » raisonnable et de la mise sur le marché d'un pourcentage du capital suffisant pour assurer une liquidité minimum du titre. Le souvenir de l'IPO va suivre très longtemps l'entreprise. Il est de son intérêt bien compris qu'il soit le meilleur possible.

 

(*) Patrick Soulard est également animateur du blog investmentbankerparis.com

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