Euro, l'épreuve de vérité

Par Philippe Mabille Rédacteur en chef et éditorialiste
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La deuxième crise de l'euro sera-t-elle la bonne ? La réunion hier des ministres des Finances à Bruxelles, à l'origine destinée à avaliser le plan d'aide de 85 milliards d'euros à l'Irlande, adresse un message beaucoup plus large aux marchés financiers qui ont frôlé, la semaine dernière, la panique, propulsant les taux d'intérêt des pays européens les plus fragiles à des niveaux insupportables pour leurs économies. Dans le face-à-face entre les politiques et les marchés, les premiers ont pour l'instant réussi à endiguer les forces d'éclatement qui jouent contre la monnaie européenne.

Mais l'épreuve de vérité oblige l'Europe à clarifier les conditions dans lesquelles seront mis en oeuvre les mécanismes d'aide à l'avenir. De ce point de vue, le plan adopté hier devrait rassurer les créanciers privés. Pas question de rendre automatique une participation des détenteurs d'obligations d'État, que ce soient les banques ou les autres investisseurs, comme le souhaitaient certains irréductibles en Allemagne. Angela Merkel a compris que le remède qu'elle invoquait, pour justifier la participation du contribuable allemand, risquait d'être pire que le mal. Autre bonne nouvelle, à partir de la mi-2013, quand aura été avalisée la révision des traités européens, le Fonds européen de soutien, disposant désormais d'une base légale, sera pérennisé.

D'ici là, rien ne change pour les créanciers, même si les banques anglaises notamment sont fortement impliquées dans le sauvetage de l'Irlande, en crise de liquidité. Mais, ce qui pourrait inquiéter les investisseurs, c'est que, à la faveur de cette deuxième crise, l'Europe a finalement dû se résoudre à lever un tabou, celui d'un possible défaut d'un État de la zone euro. En imposant une clause d'action collective dans les futurs emprunts d'État à émettre après 2013, l'Europe institue une sorte de « Chapter 11 » pour les dettes souveraines, inspiré certes de ce qui se fait déjà au FMI ou aux États-Unis. Les ministres des Finances reconnaissent ainsi implicitement que, dans les cas les plus désespérés, c'est-à-dire les pays manifestement insolvables, il faudra peut-être se résoudre à une restructuration de dette dans laquelle les créanciers privés seront impliqués. Ce qui devrait changer la donne dans la hiérarchisation des primes de risque.


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