Refonder l'évaluation financière pour restaurer la confiance

Bulle Internet en 2000, "subprime" en 2008... les problèmes de valorisation sont au cœur des crises. Refonder l'évaluation financière est donc un enjeu majeur pour le retour durable de la confiance sur les marchés. Une mobilisation de toutes les parties prenantes est nécessaire.
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Le sujet de l'évaluation financière échappe aujourd'hui à l'écran radar de la plupart des acteurs et des observateurs des marchés financiers. C'est là un véritable paradoxe au regard du rôle central joué par les problèmes de valorisation des actifs dans les dernières crises qui ont secoué nos économies. Je pense notamment à la valorisation des sociétés de la « nouvelle économie » lors de la bulle Internet.

Malgré des initiatives bienvenues, comme les rapports Barthès de Ruyter en février 2000 et Naulot en avril 2005, force est de constater que l'évaluation financière demeure hétérogène dans ses pratiques et inégale dans sa qualité.

« À bien des égards, la crise actuelle est une crise de valorisation », constatait dès décembre 2008 le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer. L'incapacité des institutions financières à valoriser de façon précise et convaincante leurs actifs financiers complexes en l'absence de transactions sur le marché a en effet déclenché une crise de confiance sans précédent depuis 1929. Rien d'étonnant, donc, à ce que le G20, lors de sa réunion de Londres en avril 2009, ait élevé l'amélioration des standards d'évaluation au rang d'objectif stratégique.

Dans cette perspective, l'heure est aujourd'hui à une refondation de l'évaluation financière, qui doit concerner tant les pratiques de place que la profession et sa déontologie. C'est la raison qui m'a poussé à accepter, début 2009, d'assumer la présidence du board des trustees de l'International Valuation Standards Council (IVSC). Cette entité privée à but non lucratif s'est donnée pour mission de développer et de diffuser à l'échelle mondiale des standards de valorisation reconnus et acceptés par les marchés de capitaux, leurs acteurs et leurs régulateurs.

Créé en 1981 par des évaluateurs immobiliers, l'IVSC a amorcé en 2007 une mue qui l'a conduit à élargir son champ d'intérêt aux entreprises et aux instruments financiers. En témoigne le premier projet d'envergure publié par notre comité des normes, l'International Valuation Standards Board (IVSB), qui a soumis cet été à consultation ses « Propositions de nouvelles normes internationales d'évaluation ». Il ne s'agit pas ici de prétendre régler une fois pour toutes le problème de la valeur, mais plutôt de poser des principes, en précisant par exemple que la valeur ne peut se résumer au prix de marché. Loin de vouloir réinventer la roue, cette entreprise de refondation vise à recenser les meilleures pratiques à l'échelle mondiale, à les actualiser et à les formaliser au sein d'un corps de doctrine cohérent articulé selon trois niveaux : « standards », destinés à définir les grands principes conceptuels comme la base de la valeur ; « guidance notes », pour éclairer les principes d'application en fonction du contexte d'évaluation ; et, enfin, « technical information papers », pour préciser les modalités d'application pour les différents types d'actifs.

Mais normaliser les pratiques sans s'intéresser à ceux qui les font vivre exposerait l'évaluation aux dangers bien connus du formalisme. Le second versant de la démarche de l'IVSC concerne donc la profession, dont les problématiques sont traitées au sein de l'International Valuation Professionnels Board (IVPB). Ce comité de l'IVSC, désormais présidé par Jean-Florent Rérolle, a ainsi récemment soumis à consultation deux papiers portant sur la « définition de l'évaluateur professionnel » et sur des « propositions pour un code de déontologie des évaluateurs professionnels ».

En tant que président du conseil des trustees de l'IVSC, j'appelle donc toutes les parties prenantes à participer à nos travaux, afin de contribuer au retour durable de la confiance sur les marchés en promouvant des valeurs éthiques fortes, en encourageant des pratiques de qualité et en soutenant le développement de la profession de l'évaluation à travers le monde. Je me réjouis à cet égard de la création récente de la Fédération française des experts en évaluation (FFEE) et de son adhésion à l'IVSC.

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