G20 : J’ai 20 idées pour l’entreprise

Le G20 s'est ouvert cette nuit à Pittsburgh, aux Etats-Unis. Objectif de ce sommet des vingt plus grandes puissances de la planète: redéfinir les règles du jeu de la finance mondiale. Ce matin, dans « La Tribune », 20 patrons disent leurs attentes. La crise les a changés...

Oui, la crise les a même métamorphosés, nos chefs d'entreprise. On aurait fait la même enquête il y a deux ans, on aurait eu un « haro sur l'Etat » unanime, un cri du cœur disant « laisser nous régler nos affaires, nos salaires, nos bonus entre nous », un bruyant « vive les marchés financiers libres »

Eh bien, en interrogeant longuement aujourd'hui une vingtaine de patrons, de tous secteurs, de toute taille, de toute sensibilité, on obtient des résultats surprenants. Cette enquête révèle effectivement un changement d'état d'esprit radical dans les milieux patronaux français.

On y lit d'abord un appel massif à l'Etat. L'Etat, c'était le problème. Aujourd'hui, l'Etat, c'est la solution. Un Etat régulateur, contrôleur, protecteur même, garant en tout cas de règles du jeu équilibré. Bien sûr, ces patrons ne veulent pas plus d'impôt. Ils veulent quand même plus d'Etat. Deux : ils ne croient pas, ils ne croient plus à l'autorégulation. On fixe les règles du jeu entre nous. Non. L'intérêt général doit aussi être représenté lors de la définition des règles du jeu. Trois, tous, même les banquiers, disent que la finance doit être remise au service de l'économie, de l'industrie, des entreprises, qu'elle ne doit pas, qu'elle ne doit plus fonctionner qu'à son seul service.

Ca, c'est l'avis des patrons français. Les patrons américains ou anglais n'ont pas changé comme ça ?

C'est vrai. Et c'est le problème du G20. Les attentes ne sont pas les mêmes sur le Vieux continent et dans le monde anglo-saxon. Les américains et les anglais ont pris un sacré coup sur la tête. Ils ont aussi changé, mais beaucoup moins. Ils continuent à détester, à haïr l'Etat, à vénérer un marché libre de toute contrainte. Trouver le juste équilibre, c'est toute la difficulté des travaux de Pittsburgh !

Les patrons français attendent beaucoup de l'Etat, des Etats, du G20. Ils sont prêts, eux aussi, à changer...

Oui, c'est l'autre conclusion de nos enquêtes, de notre numéro spécial d'aujourd'hui. Il faut « réinventer l'entreprise », c'est ce que disent, sur seize pages, des profs d'HEC, des anciens élèves de cette grande école de commerce, des experts de Bain, un cabinet de conseils, aussi.

Pendant ces dernières années, l'entreprise était devenue monomaniaque. La finance imposait sa loi. Tout pour l'actionnaire. L'entreprise en avait oublié ses salariés, ses clients même parfois. Elle doit aujourd'hui trouver, retrouver un meilleur un équilibre entre ses trois partenaires. Elle a aussi une responsabilité vis-à-vis de la société dans laquelle elle vit - l'environnement, la diversité, la lutte contre la pauvreté, la contribution à la vie culturelle. L'ebitda, la dernière ligne du compte d'exploitation, l'entreprise ne peut s'y réduire. Réinventer l'entreprise : c'est sans doute, avec la rerégulation de la finance, la grande nouveauté de l'après-crise. Sûr qu'on va en entendre parler.  Reste à savoir si tous les patrons y sont prêts !

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