Prêts, partez

Patrons et particuliers se plaignent : avec la crise, le crédit est devenu rare, cher ou difficile à obtenir. Les banques disent n'avoir jamais autant prêté. Alors, qui a raison, Erik Izraelewicz ?

Tout le monde, ou personne, comme on voudra.

D'abord, les chiffres. Eh bien, ils donnent raison aux banquiers. Jamais les banques françaises n'ont autant prêté. Le montant de leurs encours, la masse d'argent qu'elles prêtent, augmentait encore à un rythme de 10% l'an en octobre - dernier chiffre connu. Il y a bien un ralentissement, il n'y a pas de pénurie de crédit.

Cela étant, c'est vrai aussi, décrocher un prêt auprès d'une banque, c'est devenu plus difficile. Un autre chiffre le confirme: les trois quarts des banques confirment avoir durci leurs critères d'attribution de crédits au cours des derniers mois.

Les grandes entreprises n'ont pas trop de problèmes, les petites souffrent...

Oui. Et là, on serait tenté de dire « comme toujours ». La crise accroît encore la différence de situation entre grandes et petites. Les grandes arrivent toujours à se débrouiller. Certaines, par sécurité, pour ne pas être prises au piège, tirent par exemple sur des lignes de crédit qu'elles n'utilisaient pas. D'autres trouvent de l'argent sur les marchés. Pour les grandes entreprises, mises à part quelques exceptions, pas de problèmes donc.

Pour les petites, en revanche, les PME, les artisans aussi, là, ça s'est clairement dégradé. Les relations banques-PME ont certes toujours été compliquées. Ca fait plus de 20 ans que je suis la vie économique, ça fait plus de 20 ans que j'en entends parler. C'est aujourd'hui plus sérieux, c'est sûr...

Le gouvernement a apporté des aides, il a nommé un médiateur du crédit...

Oui, et de l'avis même de la CGPME, la confédération générale des PME, cette politique commence à porter ses fruits. Le médiateur du crédit, nommé il y a un mois, a sur son bureau 1500 dossiers. A l'échelle du pays, c'est finalement assez peu.

Côté particuliers, là aussi, il y a un net ralentissement de la distribution de crédit. Pour les prêts à la l'habitat comme pour le crédit à la consommation. Les banques sont plus exigeantes. On les a assez accusées d'avoir pris trop de risque. Elles sont donc aujourd'hui plus prudentes.

Il y a néanmoins autre chose : c'est que les banques commencent à s'inquiéter du ralentissement de la demande de crédits...

Avec la crise, ceux qui sont prêts à s'endetter sont aussi moins nombreux...

Oui. Très juste. Il faut aussi voir la question sous l'autre aspect, celui de la demande de crédit. Et là, il faut le reconnaître, la crise a aussi des effets. Moins de projets d'investissement, moins d'achats de voitures, moins de transactions immobilières - tout cela, ça veut dire moins de demande de crédits.

Tout n'est donc pas, dans cette affaire, tout noir ou tout blanc. Même si le crédit est plus difficile à décrocher, on ne peut pas parler de pénurie de crédit. Les banques ont, dans ces difficultés, leurs responsabilités, elles ne sont pas les seules. Même si elles peuvent être d'utiles boucs émissaires, n'en abusons pas. On en a quand même besoin !

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