La crise sanitaire du Covid-19, partie de Wuhan fin 2019, s'est transformée en pandémie mondiale à l'origine de la crise économique et sociale la plus importante depuis un siècle. En deux mois, près de 33 millions d'Américains se sont inscrits au chômage. Les secteurs du transport aérien, du tourisme et de l'automobile ont été mis à l'arrêt total. Les dettes publiques explosent sous l'effet de la substitution des États au secteur privé, le temps du confinement. Les prix du pétrole se sont effondrés allant même jusqu'à être, l'espace de quelques heures, négatifs pour le baril texan !
La réponse économique à la crise a bénéficié des leçons de la crise financière de 2008. Les États et les banques centrales ont répondu rapidement et massivement pour financer l'économie et concevoir des plans de relance. Plus de 7.000 milliards de dollars de dépenses budgétaires, de prêts et de garanties ont été mobilisés.
Les économistes tentent d'établir des comparaisons avec les crises économiques et sanitaires récentes. Mais par sa violence et l'ampleur mondial du confinement qui touche près de la moitié de l'humanité, la crise actuelle est unique et sans précédent. Rapidement, le procès de la mondialisation a été lancé : les délocalisations en Chine, la rapidité de la diffusion du virus en raison de l'accroissement du transport aérien et l'interdépendance globale ont aggravé la crise. Le Covid-19 est devenu le meilleur allié des opposants de la mondialisation.
L'agilité des multinationales
Loin d'être remise en cause, la mondialisation est au contraire la réponse à la crise actuelle. Du point de vue sanitaire, l'efficacité de la lutte contre le Covid-19 dépendra de l'effort de chaque pays pour éviter de nouveaux foyers de contagion. L'établissement d'un vaccin sera d'autant plus rapide que la recherche médicale sera partagée par les grandes entreprises pharmaceutiques. Du point de vue économique, l'efficacité des plans de relance sera d'autant plus forte que la coordination sera élevée entre les États. Les multinationales, globalisées et rompues aux règles de la mondialisation, ont d'ailleurs été les plus agiles et les plus réactives dans la lutte contre la pandémie.
La crise inaugure un nouveau type de chocs liés aux risques de la mondialisation et du numérique. Mais elle offre, en même temps, la capacité d'y apporter des réponses immédiates, massives et globales, tant en termes économiques que médicaux. Le manque d'anticipation des Occidentaux face à la pandémie, en dépit des alertes du SRAS, de H1N1, du MERS ou d'Ébola, doit nous conduire à investir massivement pour anticiper les risques globaux et renforcer la résilience de nos sociétés. La pandémie comporte sa part de drame et sa part d'opportunité. Elle doit nous conduire à renforcer nos démocraties, trouver un nouvel équilibre entre État et marché, rééquilibrer le rapport entre l'Occident et la Chine, construire une gouvernance mondiale en matière de santé en reconstruisant l'OMS et établir les mécanismes de coopération en matière de relance économique entre les pays du G20.
Les grandes puissances pourraient utilement commencer, au lieu d'incarner un repli national, par lancer une Alliance mondiale pour les vaccins pour éradiquer les épidémies, alors qu'une telle initiative globale a été lancée, depuis plus de dix ans, par l'initiative privée de la fondation Bill Gates. Comme le déclarait Winston Churchill : « Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté ».
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