Approvisionnement électrique  : encourager enfin l'effacement des particuliers

OPINION. L’énergie est toujours plus rare… et chère ! Alors que les prix du gaz et de l’électricité continuent d’augmenter, la vague hivernale entraîne inévitablement une hausse de la consommation pour se chauffer, sur fond de pénurie des ressources énergétiques qui place le réseau électrique sous tension. Cela pénalise le budget des ménages, autant que l’environnement, en raison du recours trop souvent nécessaire aux centrales à charbon et au fioul, quand les températures chutent et que la demande explose vers 19h en plein hiver. Par Hervé-Matthieu Ricour, Directeur général Global BtoC Supply - ENGIE.
(Crédits : Reuters)

Il sera difficile de tenir, à ce rythme, les objectifs de baisse des émissions de gaz à effets de serre (-55% d'ici 2030 ) rappelés lors de la COP 26. Pourtant nous le devons ! Chacun peut et devrait y contribuer, les ménages pesant notamment à hauteur de 38% dans la consommation finale d'électricité, et jusqu'à 50% lors des pics hivernaux.

En plus de développer la production d'électricité, c'est à nous - fournisseurs d'énergie - d'encourager une sobriété vertueuse, par l'effacement ponctuel et volontaire du consommateur, que l'on peut même rétribuer selon un principe de flexibilité gagnant-gagnant.

Chauffer moins et mieux sans nuire au confort, nous savons déjà le faire grâce aux outils intelligents développés par ENGIE auprès d'un nombre croissant de clients pour contribuer à l'équilibre du réseau. Les  solutions de pilotage connectées permettent de gérer, en temps réel et à distance, sa consommation d'électricité et de gaz. Ce sont des atouts pour réduire globalement l'empreinte environnementale. Mon Pilotage Elec va aussi plus loin en donnant au consommateur la possibilité de s'effacer du réseau électrique au moment des grands pics de consommation pour éviter la mise en route de centrales à combustible fossile. Et être nombreux à couper le chauffage, quelques minutes seulement aux heures critiques, suffit à éviter le recours aux ressources les plus carbonées ou les plus coûteuses. Notre ambition est d'équiper un million de foyers avec ces dispositifs de pilotage, ce qui représenterait, grâce à l'effacement énergétique des particuliers, une économie qui approcherait 1 GW. C'est un vrai geste citoyen dont la nécessité est d'ailleurs inscrite dans la loi de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), avec un objectif de capacité d'effacement des particuliers d'ici 2028 de 1,5 GW d'électricité, l'équivalent de nos plus gros réacteurs nucléaires.

Le particulier s'y retrouve forcément, car en consommant moins, il dépense moins également. Il peut ainsi réduire sa facture de 7% rien qu'en baissant la température de 1°, et même de 15% par un pilotage bien pensé de ses appareils de chauffage. Ce n'est pas négligeable, à l'heure où le problème du pouvoir d'achat des ménages est central. Mais pourtant pas suffisamment incitatif. Une véritable rémunération - au sens propre du terme - devrait lui être versée en contrepartie de son effacement. Pour favoriser le développement de ces solutions qui restent coûteuses, l'état devrait aider les particuliers, par exemple sous forme de crédit d'impôt.

Nous pouvons aller jusque-là, alors qu'une sobriété prévisible et organisée en amont entraine des économies importantes à tous les niveaux. Tout d'abord, elle permettrait de réduire les investissements en production d'énergie ou de se prémunir de la longue mise en œuvre de nouvelles capacités. Mais elles diminueraient également les contraintes financières des réseaux d'acheminement.

Une « box énergie » peut être l'une des clés de la situation. Elle doit être pensée et proposée à des particuliers, copropriétés et collectifs dans les quartiers éco-conçus etc., au moment de la construction ou de la rénovation des logements. Le dispositif doit cibler des milliers de particuliers, car le changement de paradigme énergétique ne peut se faire qu'à grande échelle. Il permettrait de calculer au plus juste les économies réalisées par l'effacement indolore du consommateur, grâce à un équipement adapté de son système de chauffage. Tous les acteurs doivent jouer le jeu pour rendre possible cette démarche qui contribue à résister à l'escalade de la dépense énergétique et rendre soutenable la transition énergétique. Il faut parier sur la baisse de la consommation, la chiffrer précisément et répercuter l'ensemble des économies réalisées sur la facture des ménages. ENGIE s'engage à développer ce dispositif dans son réseau, mais la démarche ne peut être que collective.

Compte tenu des aléas de production nucléaire et du calendrier de mise en service de nouveaux EPR, il est urgent de rémunérer ensemble la flexibilité des particuliers à sa juste valeur afin de réduire nos besoins. Les enjeux économiques et environnementaux de cet objectif soulignent, une fois de plus, que les engagements individuels et collectifs se renforcent mutuellement pour un bénéfice commun supérieur. Notre planète le vaut bien.

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