Attention aux tensions sur le financement en phase de reprise !

Dans un contexte de reprise, la question du financement revient à l'ordre du jour. S'il est normal que les banques soient prudentes face à des entreprises qui demandent tout à coup des sommes importantes, les établissements financiers pourraient utilement élargir leurs offres. Par Fabrice Pesin, Médiateur national du crédit aux entreprises

Au moment où se multiplient les signes de reprise, les enjeux de financement évoluent pour les entreprises. Dans une phase de retournement, les PME et TPE trouvent de nouveaux clients, voient leur carnet de commandes se remplir, constituent des stocks de matière première et de produits finis, augmentant ainsi leur besoin en fonds de roulement... mais avec parfois à la clé des problèmes de financement.

Les réticences des banques peuvent se comprendre

En effet, il n'est pas toujours anormal qu'une banque se montre réticente devant une demande de financement urgente et disproportionnée par rapport aux demandes habituelles de l'entreprise. D'autant plus si de telles demandes ne sont adossées à aucun compte de résultat récent montrant la capacité de l'entreprise à absorber le sursaut de production et à en tirer bénéfice pour pouvoir notamment rembourser un prêt. Qui plus est, ces demandes font généralement suite à une période difficile vécue par l'entreprise, qui a vu son chiffre d'affaires, son résultat et ses fonds propres se réduire, ce qui n'est pas de nature à rassurer la banque. De surcroît, le client de l'entreprise est prêt à signer mais exige des garanties telles qu'une caution de bonne fin ou de restitution d'acompte. Sans certitude sur la solvabilité de l'entreprise, la banque hésite et la commande est perdue, hélas !

Les bonnes pratiques

L'adoption de certaines bonnes pratiques pourrait éviter bien des désillusions. Ainsi, il est important que les chefs d'entreprise tiennent leur banquier au courant de leurs projets de prise de commande importante, voire de rebond plus global, dès qu'ils sentent un « frémissement ». Dire le plus en amont possible à son banquier ce que l'on négocie, avec qui, et pour quel investissement supplémentaire paraît un minimum. Dans certains cas, il pourrait être utile d'obtenir un accord de principe du banquier soumis à quelques conditions que l'entreprise pourrait alors négocier sereinement avec son acheteur potentiel.
Dans un moment de reprise, il faut aussi avoir en tête qu'il existe des instruments pour financer le besoin de fonds de roulement. A cet égard, le poste client est de plus en plus utilisé, via la mobilisation des créances commerciales, et en particulier l'affacturage. En revanche, les stocks de l'entreprise ne sont aujourd'hui en France que très peu mobilisés en garantie, à la différence de l'Allemagne ou des Etats-Unis.

Développer une offre bancaire plus large

Une offre bancaire bien plus large de produits de financement sur stocks offrirait aux entreprises en phase de rebond un moyen précieux pour financer leur besoin de trésorerie.
Si l'étude des cycles précédents montre que les crédits peuvent réagir avec un certain retard au redémarrage de l'activité - ce qui donne temporairement l'image d'une « credit-less recovery » -, la mise en place d'actions de prévention et d'outils de financement adaptés peuvent permettre de contenir ce décalage. Quant à la Médiation du crédit, elle reste mobilisée, sur tout le territoire, pour accompagner les entreprises afin qu'elles puissent profiter pleinement des opportunités de la reprise conjoncturelle.

Fabrice Pesin
Médiateur national du crédit aux entreprises

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