Des Français mal éduqués (financièrement) ? Ce n'est pas une fatalité  !

OPINION. Dès l'adolescence, il faut apprendre aux Français à gérer un budget, en lien avec l'apprentissage des mathématiques et de l'économie. Par Geoffroy Guigou, directeur général et cofondateur de Younited.

Réforme des retraites, inflation, hausse du taux du livret A... Pas une semaine ne s'écoule sans que l'actualité n'ait un impact direct sur les finances des ménages français. Comprendre les enjeux de l'actualité suppose alors d'avoir un minimum de culture financière, et d'en appréhender les concepts économiques.

Pourtant, le grand public est visiblement loin d'être familier des concepts liés aux finances personnelles, et en particulier à ceux liés au crédit et à l'épargne. Il est ainsi frappant de constater que, dans un récent sondage de la Banque de France, seul un Français sur deux sait que 100 euros placé à 2% par an conduisent à un capital de 102 euros au bout d'un an ! Ou encore que seules 21% des personnes interrogées considèrent avoir des connaissances suffisantes en matière de questions financières... Comment dès lors démocratiser le débat sur la lutte contre l'inflation ? Comment aider les ménages à faire la différence entre un crédit amortissable et un crédit renouvelable ? Comment les aider à épargner pour préparer leur retraite ?

Apprendre à gérer son budget dès le collège ?

Plus que jamais, le sujet doit être considéré comme une priorité pour les pouvoirs publics. C'est d'ailleurs fort de ce constat que l'OCDE et la Banque de France se sont associées pour organiser chaque année la semaine de l'éducation financière (l'édition 2023 aura lieu du 20 au 26 mars), visant à sensibiliser le public aux questions économiques et financières, afin que chacun dispose des connaissances nécessaires à un comportement financier éclairé.

Nous pouvons en revanche déplorer que l'accès à la culture financière ne soit pas inculqué lors du parcours scolaire. La gestion des finances est une compétence cruciale pour gérer sereinement son quotidien, et les jeunes générations doivent se lancer dans la vie active avec un bagage pédagogique dans ce domaine ! Apprendre à des adolescents à gérer leur budget, en plus du lien évident avec l'enseignement des mathématiques et de l'économie, est le meilleur moyen de poser les bases d'une société à l'aise avec ces concepts.

C'est d'ailleurs un souhait exprimé par les participants au récent sondage de la Banque de France, qui sont plus de 80% à considérer que l'Education nationale devrait intégrer des cours d'éducation financière au cursus scolaire. Gageons que le vœu pieux formulé par Bruno le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, devienne réalité : « Les grands sujets économiques, les placements financiers, les questions de taux d'intérêt, d'inflation ne font pas partie de notre culture commune. L'objectif (..) c'est de faire en sorte que cette éducation financière fasse partie du patrimoine des Français. »

Les acteurs des services financiers en première ligne pour faire preuve de pédagogie

Au-delà de cette mobilisation des pouvoirs publics, l'enjeu justifie un engagement équivalent des acteurs privés. En effet, les conséquences sociales d'une maitrise insuffisante des connaissances financières (découverts bancaires, surendettement, arnaques...) sont telles que les acteurs financiers - qui sont en première ligne - doivent à leur mesure se mobiliser en faveur d'une meilleure pédagogie sur ces sujets.

Leur responsabilité est naturellement engagée pour proposer des produits simples, transparents et accessibles au grand public. Est-il normal de voir encore aujourd'hui fleurir des offres de financement largement non régulées et dont le fonctionnement est abscons pour plus d'un Français sur deux ? Qui parvient à lire aisément un contrat de souscription à un produit financier, dont le contenu dépasse bien souvent la dizaine de pages ? Un effort radical doit être fourni pour plus de simplicité et d'ergonomie dans les services financiers.

La technologie au service de l'éducation financière

Du fait de leur légitimité et du lien évident qu'ils ont avec ces sujets, ces acteurs financiers doivent aussi être en mesure de proposer des solutions de formation, et de recommandations personnalisées à leurs clients. Les outils digitaux d'aujourd'hui (applications mobiles, diagnostics automatisées, contenus pédagogiques en ligne) permettent un accès simple à des contenus personnalisés et des initiatives de qualité. Saluons à ce titre le développement de l'Open Banking, c'est-à-dire le partage sécurisé de données bancaires à des fins d'analyse, qui permet ainsi à de nombreux acteurs technologiques et financiers d'émettre des recommandations pertinentes sur les façons de mieux gérer ses finances.

A l'heure où le digital a permis de faciliter l'accès aux services financiers, guider les ménages à faire les bons choix dans la gestion de leurs finances apparaît comme une priorité sociétale, pour les protéger d'une part, et pour les aider à faire des choix pertinents d'autre part. S'assurer que le grand public dispose d'une base de connaissances financières suffisante, c'est aussi rendre plus accessible le débat public sur les sujets économiques, et en ces temps d'inflation, ce n'est pas du luxe !

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Commentaires 2
à écrit le 18/03/2023 à 12:15
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Tiens donc ! la ficelle est un peu grosse ! on sent bien là le forcing des établissements financiers en manque de gogos à plumer .Faut les voir vous vendre leur soupe avec des perspectives miraculeuses .... qui ne produisent jamais !!!! leur seul but...

à écrit le 17/03/2023 à 13:46
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Nous faire croire que le budget familial se gère comme un budget national et vice versa c'est déjà un mauvais point pour l'enseignement ! Ne pas oublier que la monnaie n'est qu'une facilité d'échange et non pas un but atteindre !

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