Le Crowdlending, vers une nouvelle étape de croissance

Le crowdlending se développe surtout en raison de la défaillance des banques. Mais les GAFA pourraient à leur tour bouleverser ce marché. Par Adrien Lhabouz, Président de CompareLend

Avec un rythme annuel de croissance de la collecte de 200% en 2016, , les plateformes de financement participatif d'entreprises s'imposent aujourd'hui comme un mode de financement d'avenir, en complément du circuit de financement traditionnel. Mais s'il apporte des innovations indéniables, ce qui a fait le succès du Crowdlending, c'est sa capacité à exploiter une faille décisive du secteur bancaire, à savoir une expérience utilisateur déplorable, alors que même la nouvelle génération connectée est de plus en plus exigeante. Mais de nouveaux entrants, les GAFA (Google, Amazon, Facebook...) pourraient bien le disrupter à leur tour en utilisant cette même expérience utilisateur à leur avantage.

Les banques face aux nouveaux entrants Fintech

D'après le Cabinet McKinsey, les bénéfices des grandes banques pourraient chuter de 20 à 60% d'ici à 2025. Ces chiffres ne sont pas surprenant. Le secteur bancaire s'est longtemps cru à l'abri de l'ubérisation qui frappait les autres secteurs. Protégé par une réglementation très stricte, ce secteur a toujours présenté de de fortes barrières à l'entrée, liées à l'exigence d'une marque forte et rassurante. De plus, afin d'apporter un meilleur service aux utilisateurs, les banques ne pouvaient se passer d'un réseau d'agences au niveau local, avec une main d'œuvre qualifiée et abondante, nécessitant ainsi des investissements très importants.

Internet est venu révolutionner ce modèle physique en créant un lien direct avec les clients et en offrant de nombreux avantages : frais réduits, carte bleue gratuite, accessibilité 24 heures sur 24 et un gain de temps en supprimant la nécessité de se déplacer. Ne souhaitant pas être en reste et heureuse de bénéficier de nouveaux clients, pour un coût réduit, les banques ont alors crée leur version en ligne avec un nom différent, comme pour se distancier de ce modèle en ligne et préserver leur « base installée ». Elles ont, dans le même temps, continué leur manière de fonctionner, frais élevés et pratiques opaques, sans en changer d'un iota.

 L'irruption des Fintech : les nouveaux experts

A la faveur de la loi de 2014 sur le financement participatif, autorisant les particuliers à financer d'autres particuliers ou entreprises, les banques ont fait face à de nouveaux entrants : les Fintech. Ces dernières, centrées dans un premier temps sur l'offre de crédit, ont su développer des propositions attractives, répondant aux besoins des utilisateurs. Elles apportent aujourd'hui des opportunités de rendement optimal aux investisseurs, de plus en plus encadrée et réglementée. Évolution notable, depuis le 1er octobre, les particuliers peuvent consacrer 2000 euros à chaque projet au lieu de 1000 précédemment.

Les 55 millions d'euros prêtés à 483 entreprises confirment que les incidents recensés ces derniers mois n'ont pas entamé le dynamisme de ce secteur. Les risques sont faibles. En prêtant des montants modérés sur chacune des nombreuses plateformes communautaires, les investisseurs sont en mesure de lisser le risque et optimiser leurs gains. Les garanties sont là pour rassurer les utilisateurs. En effet, les plateformes sont adossées à des prestataires de paiement, eux-mêmes régulés. Ces derniers sont légalement obligés d'assurer les flux financiers des sites, même si ceux-ci font défaut. Certaines vont encore plus loin : ainsi Credit.fr demande notamment, des comptes certifiés par un expert-comptable, ainsi que quatre années d'exercice.

Les banques à l'assaut des Fintech pour intégrer leur capacité d'innovation

Contrairement aux Etats-Unis, 85% du marché français du crowdlending est financé par les particuliers et cette tendance devrait bientôt s'inverser avec des investisseurs institutionnels, dont les banques. Celles-ci se rapprochent de plus en plus des plateformes, non seulement pour se positionner sur un marché en pleine croissance, mais aussi pour intégrer leur formidable capacité d'innovation. Un mouvement de consolidation est déjà à l'œuvre. Il se traduira par l'émergence de quelques plateformes leaders. Celles-ci coopéreront avec les acteurs financiers traditionnels tirant ainsi parti de synergies considérables.

Le danger des GAFA

Pourtant, un autre danger est sur le point d'apparaitre. Les GAFA et autres Apple projettent de se lancer dans les services financiers. Elles ont pour réussir un avantage considérable. Elles disposent en effet de données utilisateurs gigantesques, le carburant essentiel pour améliorer l'expérience utilisateur. Face à cette menace, les banques sont conscientes qu'elles doivent se remettre en question et intégrer le digital encore plus profondément dans leur ADN.

Le Crowdlending de son côté doit accélérer son développement en séduisant les investisseurs de manière plus offensive et en améliorant leur expérience grâce aux nouveaux outils de Big data et de Data Analytics. Il sera également possible de leur offrir les projets en relation avec leur profil et leurs affinités. La possibilité de constituer des communautés d'investisseurs en sera renforcée. Des communautés encore plus segmentées seront possibles, mixant ainsi réseau social et plate-forme de financement. Engagement, fidélisation, inspiration sont ainsi les mots clés de ce crowdlending nouvelle génération, appuyé par la force de frappe des investisseurs institutionnels. L'expérience utilisateur est le nouveau graal du Crowdlending, il est urgent d'en exploiter toutes ses possibilités infinies.

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