Crowdlending : le business prometteur des sites de prêts aux PME

Après Unilend, Lendopolis ou encore Finsquare, ce sera au tour de la plateforme de prêts aux PME Lendix de démarrer son activité sur le marché français, le 26 février. Un marché qu’elle estime entre 10 et 15 milliards d’euros par an.
Christine Lejoux
Lendix estime que les plateformes de prêts pourraient capter près de 15% du marché de la dette des PME et des TPE, évalué entre 80 et 100 milliards d'euros par an, en France.

 Il y a un an, Unilend était encore seul sur le jeune marché français du "crowdlending." Aujourd'hui, la plateforme de financement participatif spécialisée dans les prêts aux PME compte une dizaine de concurrents. Après Lendopolis et Finsquare en fin d'année dernière, ce sera au tour de Lendix et de Credit.fr de se lancer, d'ici à la fin du mois de février. Et bien d'autres pourraient suivre : la réglementation du crowdfunding, entrée en vigueur le 1er octobre, permet désormais aux particuliers de prêter en direct aux entreprises, une activité qui était jusqu'alors la chasse gardée des banques. En effet, des trois segments du crowdfunding, qui comprend le don, l'investissement dans le capital d'entreprises ("crowdequity") et le prêt, c'est ce dernier qui semble le plus prometteur. Telle est en tout cas la conclusion à laquelle est parvenu Olivier Goy, fondateur et président du directoire de Lendix, il y a deux ans.

"En 2013, lorsque le crowdfunding a véritablement commencé à faire parler de lui, nous nous sommes demandés de quelle façon il allait impacter le métier du capital-risque", se souvient celui qui était alors PDG de la société de capital-investissement 123Venture.

"Le crowdequity nous a semblé constituer une demi révolution seulement pour nous, car nous permettions déjà aux investisseurs privés [par rapport aux institutionnels, ndlr] d'accéder au non-coté. De plus, le marché du crowdequity, réservé au financement de start-up, est très étroit. En revanche, le crowdlending, qui ouvre une brèche dans le monopole bancaire, représente une vraie révolution dans le domaine de l'épargne."

un taux de rendement de 4% à 9%

Pour les épargnants, d'abord. En participant au financement de prêts compris entre 30.000 et 300.000 euros, consentis à des PME pour une durée de 18 à 48 mois, les investisseurs bénéficient chez Lendix d'un rendement compris entre 4% et 9%, particulièrement alléchant dans l'environnement actuel de taux très bas. Il faut dire qu'aussi poussée leur analyse du risque de crédit soit-elle, les plateformes de prêt ne sont pas aussi outillées que les banques dans ce domaine, et doivent donc assumer un taux de défaut (2,5% à 3% chez Lendix) supérieur à la moyenne de 1,5% du secteur bancaire français.Ce risque, les acteurs du "crowdlending" le rémunèrent donc avec des taux de rendement élevés.

Surtout, les sites de prêts aux PME assurent aux épargnants-prêteurs un rendement régulier, alors que, dans le cadre du "crowdequity", l'investisseur ne sera rémunéré que par les éventuels dividendes versés par la start-up et par une plus-value potentielle, en cas de vente de la société. Du côté des PME, celles-ci doivent certes supporter un taux d'emprunt de 4% à 9%, bien supérieur à ceux pratiqués par les banques, mais les plateformes de prêt leur permettent souvent d'obtenir en quelques semaines la somme qu'un établissement bancaire aurait mis plusieurs mois à leur accorder. Ou à leur refuser, les nouvelles réglementations relatives au renforcement des fonds propres des banques les amenant à durcir leurs conditions d'octroi de crédits.

Le marché de la dette des PME est détenu à 90% par les banques

"Nous n'allons pas tuer les banques, nous sommes complémentaires. Les banques doivent respecter des ratios réglementaires ou financiers qui ne leur permettent pas de financer les entreprises comme elles le souhaiteraient. C'est là que nous pouvons intervenir", explique Olivier Goy. Le patron de Lendix estime que les plateformes de prêts pourraient ainsi capter, à terme, 10 à 15 milliards d'euros d'un marché de la dette des PME et des TPE évalué entre 80 et 100 milliards d'euros par an, en France, et encore détenu à 90% environ par les banques. Une perspective qui suscite donc bien des convoitises.

Mais, par rapport à certains de ses concurrents, Lendix estime avoir pour avantage de ne pas limiter sa base de prêteurs aux investisseurs particuliers. Au côté de ces derniers, un fonds commun de titrisation, souscrit par des investisseurs institutionnels tels que des family offices (gestionnaires de fortunes familiales), permettra de prêter 30 millions d'euros aux PME dès l'ouverture de Lendix, le 26 février. Et qu'on ne dise pas à Olivier Goy que cela dénature le concept de financement par la foule :

"Certaines plateformes de prêt sont un peu altermondialistes et souhaitent n'avoir que des épargnants particuliers. Nous sommes beaucoup moins puristes : il est important d'élargir le public des épargnants aux investisseurs institutionnels, afin de pouvoir répondre aux besoins de financement des PME."

Un principe de réalité auquel s'est pliée la star mondiale du secteur, l'Américain Lending Club, qui compte désormais 70% à 80% d'institutionnels au sein de sa base d'investisseurs.

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 17/02/2015 à 10:49
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je suis alle une ou deux fois regarder les preteurs veulent du 10%, et je ne connais pas bcp de boites francaises qui peuvent payer ca ( sauf celles qui ont autant l'intention de rembourser que les grecs!)

à écrit le 17/02/2015 à 9:41
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Des fonds de titrisation aux côtés d'épargnants individuels qui seront de moins en moins nombreux, pour servir de "caution morale" à une entreprise de banksters.

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