Paris capitale des moyens de paiement ?

Les responsables politiques doivent montrer la voie, encourageant la mise en place d'une large palette de moyens de paiement. Faisant preuve d'innovation, la France a un rôle à jouer dans ce domaine, tout en associant les entreprises, PME comprises. Par Bernard Cohen Hadad, Président du think tank Etienne Marcel

En juin dernier, les assises des moyens de paiements ont dressé un constat sans fard de la situation, en France, de nos entreprises ont montré l'existence d'un consensus pour avancer rapidement vers des solutions nouvelles et concrètes en matière de paiements. Et cela dans les relations entre l'État, les collectivités publiques, les banques, les entreprises, les associations et les consommateurs. Maintenant, il appartient d'avancer. En effet, les PME ne peuvent pas se bunkeriser dans un contexte de mondialisation des échanges; elles doivent penser concrètement aux alternatives au chèque. Mais le choix des entrepreneurs ne doit pas se faire par défaut. Nous avons besoin d'une impulsion gouvernementale et d'un vrai partenariat de tous les acteurs du secteur des moyens de paiements.

Une révolution des moyens de paiement

On a regretté que les entreprises moyennes ne fussent pas dans la gouvernance du Comité National SEPA. Néanmoins cet organisme a été un lieu de dialogue et d'échange entre les PME, la sphère institutionnelle et bancaire. Chacun a pu se rendre compte des contraintes de ses partenaires et apprécier les efforts de tous pour réussir le passage à SEPA. Audioguide, « l'IBAN » voulu par l'Europe est entré dans notre langage et dans nos habitudes de paiements. Le virement et le prélèvement SEPA aussi. Mais ce qui s'annonce est autre chose qu'une « migration ». Nous sommes face à une « révolution » des moyens de paiements.

Les PME doivent s'engager

Le paiement à distance, le numérique et le digital sont déjà là. Et les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et les NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) ne s'y sont pas trompé. Les initiatives qu'ils prennent et les moyens financiers qu'ils mettent sur la table pour être les premiers à répondre aux attentes des consommateurs sont phénoménaux. C'est pourquoi les PME ne doivent pas rester isolées et participer à cette révolution qui implique rapidité, dématérialisation des paiements et connaissance du client. L'utilisation du chèque baisse chaque année ni l'Europe, ni la France, n'ont de solution unique pour le remplacer.


Un monde ouvert

Et qui s'en plaindrait ? Personne, car l'univers des moyens de paiement est justement un monde ouvert. Il n'y pas de solution unique à des attentes plurielles. Les consommateurs attendent de la simplicité, de la rapidité et de la sécurité. Les entreprises, aussi. Aujourd'hui, avec une carte bancaire on peut payer immédiatement, en différé, en une ou en plusieurs fois et à des dates choisies. Les espèces sont limitées à 1 000 €. La mesure qui n'a pas fait de vagues a été une bonne chose mais n'imposons pas le paiement par carte au 1er euro.

Si l'enjeu est séduisant, il a un coût de gestion pour les TPE encore mal équipées en outils informatiques d'encaissements. Il faut faire de la pédagogie, encourager les entreprises à faire leur mutation et non pas les contraindre. Les PME doivent prendre le temps de repenser leur "business model", d'intégrer la révolution numérique, d'analyser les attentes des consommateurs, et celles de leurs partenaires qui sont des PME, des institutions ou des grands groupes. Car la révolution des moyens de paiement, qui est aussi une simplification, fait appel à l'internet, le paiement à distance, le paiement sans contact à travers un smartphone, une tablette, la reconnaissance vocale ou la biométrie. Cette batterie de technologies qui est de l'investissement et fait à terme gagner des points de marge, à pour le moment un coût. Tout n'est pas financièrement accessible pour tous. Et l'on ne peut s'y engager sans une juste information. C'est pourquoi les entreprises doivent pouvoir compter sur tous leurs partenaires.

 Une palette nouvelle de moyens de paiement

Les PME ne peuvent pas se trouver seules face au tourbillon de cette révolution numérique et digitale qui se fera avec ou sans elles. On attend donc beaucoup du nouvel Observatoire des moyens de Paiement (le nom reste à préciser) dont le principe avait été validé par le gouvernement et qui devrait voir le jour dans les prochaines semaines. La rapidité du paiement ("instant payment"), la sécurité des paiements, la garantie et la confidentialité des échanges, l'exigence d'information à destination des entreprises, l'arrivée en force du digital, la carte de crédit ou la carte de débit, le sans contact et le vrai coût du chèque pour tous les utilisateurs sont autant de pistes sur lesquelles le débat doit s'ouvrir avec les PME.

Un débat qui ne peut s'ouvrir sereinement qu'avec une volonté gouvernementale claire et sans ambiguïté. Nos politiques doivent intervenir pour encourager la mise en place d'une palette nouvelle de moyens de paiement dans la transparence et dans l'intérêt général. Face à la concurrence internationale l'avenir de nos entreprises, leur mutation, est en jeu. D'autant que l'absence de remède miracle, sur le sujet, est l'occasion de promouvoir le débat participatif et de penser à la mise en place d'offres commerciales adaptées à chacun ou groupées. Nous disposons, en France, d'une industrie des moyens de paiement dynamique, d'un écosystème performant et de start-up innovantes. Valorisons-les. En l'absence de modèle européen, tous les acteurs professionnels de la place (banquiers, Fintech...) sont prêts à construire ensemble avec les PME. Paris, c'est-à-dire la France, a donc un rôle à jouer. Prenons l'initiative, exprimons nos attentes, affirmons nos préférences et nos choix. Nous avons tout à y gagner.
Bernard COHEN-HADAD

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Commentaires 10
à écrit le 14/10/2015 à 7:48
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La commission prise par les banques n'est rien pour le consommateur par rapport au noir effectué par les paiements en espèces qui se répercutent pour le citoyen honnête par une augmentation des impôts et des charges. À quand comme en Italie des termi...

le 14/10/2015 à 10:16
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Ah bon parce que payer ses courses en liquide est malhonnête ? Et l'opacité de la vie privée, vous en faite quoi ?

le 14/10/2015 à 11:34
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Ce est pas le client qui est malhonnête mais le commerçant qui n'offre d'autre option de paiement que les espèces ou à la rigueur des chèques, après avoir grogné et précisé : "ne mettez pas l'ordre, je m'en occupe !". Quand dans ce pays on aura compr...

le 14/10/2015 à 18:35
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faites vos règlement comme il vous conviennent et laissez la liberté de régler comme ils le veulent les autre usagers .le peu de liberté est a preserver

à écrit le 13/10/2015 à 14:44
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Paris est la capitale de la RATP et des croissants mais de rien d'autre de sérieux. Ce nombrilisme franchouillard est risible.

à écrit le 13/10/2015 à 14:19
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Et quoi encore ! Un satifaisit pour le gouvernement qui impose un paiement en liquide limité à 1000€, ordonné par le lobby bancaire pour bloquer à terme la fuite de liquidité en cas de Bail in, ou en cas de déflation ! L'auteur de l'article devrait s...

à écrit le 13/10/2015 à 13:23
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Pour travailler dans moyens de paiements : pièces, billets et chèques conservent ma préférence. Ces nouveaux "moyens" ne servent qu'à augmenter la commission des intermédiaires (banques par ex) au détriment du travailleur et de ses clients.

le 13/10/2015 à 13:50
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Oui en effet, je suis toujours choquée de l'importance des frais de CB. 1% sans rien faire ? Et l'état qui pousse les commerces à la consommation? Les banquiers ont trouvé le filon ! Il faudrait trouver un moyen, qui a jouer sur les dates de valeur ...

le 14/10/2015 à 18:41
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Faites comme moi, je retire des espèces et paie tout mes achats avec libre de jouir de mon argent

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