Réforme du Code du travail : non à la théorie des petits pas !

Le Code du travail va être réformé. Intention louable mais cela ne peut se faire sans la participation aux travaux des chefs d'entreprise. Par Dominique Jabouley, dirigeant d'entreprise à Saint-Etienne, co-fondateur du collectif Les Dupés
Dominique Jabouley, dirigeant d'entreprise à Saint-Etienne, co-fondateur du collectif Les Dupés

« Ces chiffres ne sont pas satisfaisants » telle a été la réaction de notre ministre, Myriam El Khomri, à l'annonce de la hausse inédite des chiffres du chômage pour le mois de novembre 2015. Cette observation nous la partageons, mais les paroles ne suffisent pas il faut maintenant passer aux actes et prendre les choses en mains !
Nous reconnaissons le chemin parcouru depuis 2 ans et demi et le premier cri d'alarme de notre collectif Les Dupés autour de la question de l'évolution du droit du travail, et nous ne pouvons d'ailleurs que nous en féliciter. Toutefois, nous craignons que l'apparent consensus autour de cette réforme majeure pour notre compétitivité ne débouche sur pas grand-chose...

Encore des comités des sages !

En effet, alors que plusieurs rapports (Combrexelle, Mettling notamment) ont été remis au gouvernement, avec de nombreuses pistes pour réformer notre Code du travail, nous ne pouvons que déplorer le décalage entre la bonne volonté exprimée dans les annonces du gouvernement et la réalité de la prise en compte des problèmes réelles que rencontrent les TPE/PME. Quelle déception de constater que les projets de loi en préparation nécessitent - encore et toujours - la création d'une nouvelle commission de grands sages pour réfléchir aux réformes à mener. Plutôt que de prendre - enfin - les décisions courageuses que nous attendons.

Si nous restons - comme tout le monde - satisfaits qu'une figure aussi consensuelle que Robert Badinter puisse conduire les travaux, nous déplorons surtout l'absence totale de dirigeants d'entreprises parmi le comité des sages installé par la Ministre du Travail. A côté des nombreux juristes chargés de réfléchir aux nouvelles orientations du droit du travail en France, où sont les praticiens du quotidien ? Où sont les dirigeants d'entreprise et les représentants des salariés (les vrais, ceux qui dirigent de fait des entreprises ou y travaillent au quotidien, pas leurs représentants trop habitués au cadre feutré des négociations collectives) ?

Des prévisions orageuses pour l'avenir

L'intention était bonne mais nos entreprises, au premier rang desquelles on trouve de nombreuses PME, sont aujourd'hui très inquiètes et craignent de ne pas être entendues. C'est pourquoi Les Dupés vont suivre de près l'évolution des débats à travers un baromètre de la réforme du travail, afin de savoir quel temps il fera demain dans nos entreprises. Même si ne nous attendions pas au Grand Soir, nous voulons que le gouvernement et les parlementaires entendent notre appel, celui des dirigeants du terrain confrontés quotidiennement à la complexité du Code du travail.

Le gouvernement propose, pour le moment, une réforme en surface en pensant que s'attaquer à la forme plutôt qu'au fond suffira. En laissant de côté la durée légale du temps de travail, le SMIC et le contrat de travail, sujets essentiels qui touchent quotidiennement les dirigeants d'entreprises, l'inquiétude des TPE/PME n'en est que renforcée. Nos premiers baromètres seront donc très orageux puisque les pistes de réflexion ne touchent pas à l'essentiel.

Pas d'emploi sans réforme radicale du Code du travail

Le mal est en effet plus profond qu'on ne le pense : de nombreuses PME n'embauchent pas car elles ont peur de ne pas respecter les règles. C'est pourquoi il faut une réforme radicale ! Et la ministre l'a d'ailleurs elle-même admis : il y a un besoin de clarification. Par conséquent, redonner confiance aux chefs d'entreprises en leur permettant d'avoir une meilleure visibilité et compréhension du Code du travail profiterait à tous, salarié comme dirigeant. On sait en effet que créer de l'activité dans une entreprise - et donc de l'emploi - suppose que son dirigeant soit à la fois confiant dans l'avenir et face à un cadre réglementaire simple et pérenne...

La stratégie d'évitement appliquée par nos décideurs politiques ne servira pas la lutte contre la hausse du chômage ni la relance de l'économie. Alors que nous, dirigeants du terrain, proposons des solutions concrètes et facilement applicables, on peut craindre que nos responsables préfèrent faire l'autruche et attendre que les choses passent. C'est pourquoi il est fondamental que les dirigeants d'entreprise (particulièrement ceux du terrain) restent vigilants face aux chantiers engagés et n'hésitent pas à prendre la parole dès que nécessaire, surtout si rien de concret n'est annoncé dans les prochaines semaines...

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Commentaires 10
à écrit le 28/01/2016 à 20:40
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28/01/2016 Politique, patronats et père noël et esclavage moderne. CODE DU TRAVAIL : Là vraiment on fait marche arrière ! Croyez vous quand changeant le code du travail, cela va faire baisser les chiffres du chômage, qu’un seul constat que de...

à écrit le 05/01/2016 à 17:45
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On nous parle d’une crise financière en 2007 qui viendrait des usa, mais depuis la crise, les américains seraient au plein emploi avec un revenu en hausse. L’Europe n’a rien fait après la crise, on a l’Allemagne à faible chômage, mais il n’existe pas...

à écrit le 05/01/2016 à 12:02
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aucune réforme sérieuse à attendre sans épreuve de force . MEDEF et CGPME doivent clairement menacer le gouvernement de geler l'embauche si une vraie réforme du contrat de travail ,de la durée légale du temps de travail , du salaire minimum légal n'e...

le 05/01/2016 à 23:39
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Les syndicats sont faibles, l'extrême gauche aussi, mais la grogne et la violence sont au fond de la société et dans le vote FN. Les patrons devraient se méfier de l'épreuve de force. Enfin, votre menace est ridicule, et moi j'embauche quand j'...

à écrit le 05/01/2016 à 11:58
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il est évident que l'absence totale des créateurs d'emploi autour de la table est significatif de l'absence de conscience des réalités des fonctionnaires et politiques décideurs ! Résultat : les réformes sont cosmétiques, insuffisantes, et au final ...

le 05/01/2016 à 23:43
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Les créateurs d'emplois ce sont les clients. Si vous ne souhaitez pas embaucher vous n'êtes pas obligés, d'autres sauront les servir, nul n'est indispensable.

le 06/01/2016 à 0:57
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Mais oui... passez vous des employeurs pour créer des emplois : on voit votre sens des réalités ! En attendant, votre garagiste, votre coiffeur, votre auto école, votre médecin, votre plombier, etc... chacun d'eux vous expliquera qu'il est surchargé...

le 06/01/2016 à 21:28
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Je considère que ce sont mes clients qui me font travailler et en aucun cas je ne me considère comme un créateur d'emplois! L'embauche est un moyen, pas une fin, le salarié est une ressource. Je prend ma part du gâteau lorsque je prends un marché,...

à écrit le 05/01/2016 à 10:13
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Si on fait une telle révision avec les chefs d'entreprise, ce qui est parfaitement nécessaire, quel fonctionnaires peut-il savoir comment ça se passe, alors le dogme en cours met en gâte-sauce ces syndicats si représentatifs , et alors c'est pas 3000...

le 05/01/2016 à 23:47
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Mon charcutier a une idée très précise de la jurisprudence sociale. Avec ma coiffeuse et mon boulanger, je pense qu'ils vont nous sortir une grande réforme du droit du travail. Eux au moins, ils savent ce que sont les entreprises!

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