Le livret A bien armé pour mener l'offensive face à l'assurance-vie

Le taux du livret d'épargne préféré des Français passe de 2 % à 2,25 % ce 1er août. Depuis maintenant sept mois, il est le favori des ménages.
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Le 1er août, le taux du livret A passe de 2% à 2,25%. Faut-il y voir un frein supplémentaire à la collecte d'assurance-vie ? Cette hausse de taux du livret A, annoncée le 12 juillet dernier, résulte de l'application de la formule de calcul prenant notamment en compte l'inflation majorée d'un quart de point. Dans le même temps, le LDD (livret de développement durable) est relevé à 2,25% et le LEP (livret d'épargne populaire) à 2,75%. Le nombre de livrets A, accessibles dans tous les réseaux depuis le 1er janvier 2009, s'élevait plus de 60 millions à fin 2010. Et cela fait sept mois consécutifs que ce placement affiche une collecte nette positive, pour atteindre 10,07 milliards d'euros cumulés sur les six premiers mois de l'année, et 205,4 milliards d'euros d'encours.

Cette manne peut provenir des comptes courants, d'autres placements moins rémunérateurs comme le CEL (1,50%), voire des comptes sur livrets. Du coup, pour «résister» à cette remontée de taux, plusieurs établissements ont relevé ceux de leurs comptes sur livret, comme Boursorama (2% à 2,25%) ou Fortuneo (2% à 2,30%). Un rattrapage sans grand effet car ils restent pénalisés par leurs prélèvements fiscaux.

Et la différence de rendement avec l'assurance-vie, dont le rendement moyen s'élève à 3,4%, se réduit. «Cela peut avoir une influence sur la clientèle Internet, très attentive au taux et qui n'hésite pas à faire des arbitrages», précise Daniel Collignon, directeur général de Spirica, filiale d'assurance-vie de Crédit Agricolegricole Assurances. La hausse du livret A n'est cependant pas la cause première de la désaffection pour l'assurance-vie. «Cela aura un effet psychologique important, si les taux passent un jour sous la barre des 3%», ajoute Daniel Collignon.

La baisse du pouvoir d'achat et les incertitudes fiscales impactent davantage la collecte. «Les épargnants sont à la fois troublés par les évolutions fiscales, la volatilité des marchés et l'élection présidentielle, dont les résultats sont tout de même incertains», ajoute Daniel Collignon. Résultat : en période d'incertitude, les ménages préfèrent le livret A, qui joue le rôle de «placement d'attente» avant des jours meilleurs. Cet attentisme pourrait durer : la présidentielle est encore loin et les taux de rendement de l'assurance-vie ne seront connus que début 2012.

Prévisions trop optimistes

Difficile dès lors pour un acteur comme CNP Assurances, fournisseur de la Banque Postale et des Caisses d'Epargne, collecteurs historiques du livret A, de voir l'avenir en rose. L'assureur fait état d'une baisse de sa collecte nette de 48% au deuxième trimestre. Si la profession anticipe une baisse de chiffre d'affaires en assurance-vie entre - 2% et - 6% pour 2011, CNP trouve ces prévisions trop optimistes au vu de la concurrence des produits bancaires et d'indicateurs économiques encore négatifs.

L'assurance-vie pourrait-elle alors décollecter (être en collecte nette négative) d'ici à la fin de l'année ? Cela n'est pas totalement exclu, par exemple à la fin de l'année qui concentre la préparation des soldes, les achats de Noël, et les impôts. Le pouvoir d'attraction du livret A n'est, quant à lui, pas près de faiblir. Les établissements bancaires le poussent même davantage, pour satisfaire aux ratios de liquidité de Bâle III, qui favorisent l'épargne de court terme.

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