En Bourse, le vice paie mieux que la vertu... surtout en période de crise

Le sulfureux Vice Fund a progressé de plus de 6% depuis le début de l'année. Quand le fonds Ave Maria Catholic Values recule de 4,9% sur la même période.
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En Bourse, gagner de l'argent n'est pas affaire de moralité. Particulièrement cette année où le politiquement incorrect aura été bien plus rémunérateur que les placements dits « vertueux ». En témoigne les performances du Vice Fund, un fonds investi dans les secteurs du tabac, de l'alcool, du jeu ou encore de l'armement. Ce dernier a progressé de 6,33 % depuis le début de l'année. Soit loin devant le très puritain fonds Ave Maria Catholic Values qui recule sur la même période de 4,87 %. De la même façon, l'indice d'investissement socialement responsable (ISR) Domini Social Index abandonne 1,8 % depuis le 1er janvier. Un investisseur qui se serait risqué dans des placements pas très « catholiques », aurait même fait un choix payant par rapport au S&P 500.

Climat anxiogène

L'indice américain, qui abandonne 3,6 % depuis début janvier, accuse également un retard face au Vice Fund. N'en déplaise aux moralisateurs, les secteurs les plus sulfureux sont aussi ceux qui se sont le mieux comportés cette année. C'est notamment le cas de l'industrie de la boisson qui compose 26 % du Vice Fund et dont est issue l'unique valeur française du fonds, Pernod Ricard. Le MSCI World Beverage limite ainsi son repli à 0,4 % en 2011. L'industrie de la défense n'est pas en reste : un titre comme Lockheed Martin avance de plus de 9 % depuis le 1er janvier. Quand les cigarettiers Lorillard et Altria, très représentés au sein du Vice Fund, progressent également dans le même temps de 32 % et 16,7 %. En comparaison, le secteur du pétrole et gaz, en première ligne dans l'Ave Maria Catholic Values Fund, a été à la peine cette année. Le MSCI World Oil&Gaz a reculé de 5 % sur la période.

Dans le même temps, les principaux titres de ce « vertueux » véhicule d'investissement, le groupe de services financiers US Bancorp ou la société médicale Strycker, ont cédé respectivement 4,4 % et 12,9 %. Plus généralement, force est de constater que le vice a souvent tendance à se nourrir du climat anxiogène provoqué par la crise. Du moins sur un plan boursier. Le Vice Fund a ainsi fait mieux que l'Ave Maria Index et même le S&P 500 lors des dernières périodes de stress.

Entre le 12 septembre 2008 - juste avant la chute de la banque d'affaires Lehman Brothers - et les points bas de marché du 9 mars 2009, il a devancé de 8 points son pendant angélique Ave Maria Catholic Values et de 5 points le S&P 500. Cette année, en plein mois d'août meurtrier sur les places boursières, l'indice du « vice » s'est payé le luxe de limiter son repli à 4,25 % contre une chute de 8,85 % pour l'Ave Maria. Au final, depuis sa création en 2002, le Vice Fund revendique une performance annualisée de 7 % contre 3 % pour le S&P 500.

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