A Toulouse, un hôpital nouvelle génération pour les malades du cancer

Développer de nouveaux traitements, telle est l'ambition de l'Oncopole, centre d'excellence contre le cancer à Toulouse. La Ville rose a accueilli cet été ses premiers patients, dans un hôpital nouvelle génération.
Au total, près d'un milliard d'euros a été investi dans l'Oncopole, le nouvel hôpital toulousain, dédié à la lutte contre le cancer.

C'est une première mondiale. Toulouse a été choisie par General Electric Healthcare pour l'installation d'une machine d'imagerie médicale, dite TEP, de nouvelle génération. Une dizaine d'ingénieurs et de techniciens américains ont fait le déplacement pour assister au premier examen sur un patient de l'Oncopole. À l'endroit même où, le 21 septembre 2001, l'usine AZF explosait en entraînant la mort de 31 personnes. L'enjeu est de taille pour cet hôpital flambant neuf, premier à être doté d'une telle technologie vendue 1,8 million d'euros par General Electric. L'industriel vient à peine d'officialiser son « bébé », dénommé Discovery IQ, lors du Congrès américain de médecine nucléaire en juin dernier.

Après un mois de tests de performance en collaboration avec les équipes de l'Oncopole, les résultats de cet « appareil photo » qui détecte les cellules cancéreuses sont très concluants :

« On obtient un plus grand champ visuel, donc l'examen peut aller plus vite, explique le professeur Frédéric Courbon, chef du département d'imagerie médicale.

L'examen du patient durera six minutes contre trente minutes en général. Le malade est ainsi moins longtemps exposé aux médicaments radioactifs. C'est important pour les jeunes patients et intéressant économiquement. »

Rançon du succès, une équipe autrichienne viendra se former à Toulouse tandis que le professeur Frédéric Courbon présentera les premières images cliniques à l'occasion du Congrès européen de médecine nucléaire. La discipline est recensée parmi les 34 plans de la nouvelle France industrielle, alors que, selon une étude du Centre international de recherche sur le cancer publiée en 2013, l'augmentation des cas de cancer d'ici à 2030 est estimée à 75%. Il y a donc une carte à jouer pour l'Oncopole, qui entend bien devenir un centre d'excellence dans la lutte contre la maladie.

Outre l'application diagnostic avec l'imagerie, la médecine nucléaire a également une application thérapeutique. Tel un archer plantant sa flèche au coeur de la cible, la médecine nucléaire injecte un produit radiopharmaceutique contenant des médicaments radioactifs pour éliminer la cellule cancéreuse sans toucher aux tissus sains.

« Nous comptons un secteur hospitalier innovant de douze lits dédié à ce type de traitement », précise Frédéric Courbon.

Une radiopharmacie dotée d'enceintes blindées de plusieurs tonnes « fabrique » ces médicaments qui sont ensuite transportés par l'intermédiaire d'un convoyeur mécanique vers les chambres en toute sécurité. Ces dernières sont doublées en plomb. À titre d'exemple, les toilettes disposent d'un système d'évacuation à aspirateur, comme dans les avions, afin de ne pas rejeter de déchets radioactifs.

« Ce campus marquera son époque ! »

Faisant face à la chaîne des Pyrénées, l'hôpital vient tout juste d'ouvrir ses portes pour accueillir les premiers patients cet été.

« Il est le fruit d'un mariage inédit entre le public et le privé, le CHU et l'Institut Claudius Regaud », souligne le professeur Michel Attal, directeur général de l'Oncopole.

Une nouvelle dynamique sur le site, après le désengagement de Sanofi.

« Ce campus marquera son époque ! », s'enthousiasme l'élu Daniel Rougé qui représente Toulouse métropole au sein de l'association Oncopole. Il ajoute :

« Je rends hommage à son concepteur Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la Santé et ex-maire de Toulouse. Plus de 900 millions d'euros ont été investis depuis 2005 dans ce campus de 220 hectares qui compte déjà 3.000 salariés. »

Des réserves foncières sont encore disponibles pour répondre aux sollicitations d'industriels et de start-up. Toulouse métropole vient aussi d'annoncer officiellement sa candidature pour un quatrième centre de protonthérapie en France, dans le cadre du plan cancer du gouvernement. Ce centre représente un investissement de 50 millions d'euros en faveur d'une radiothérapie de précision dont la recherche permettrait aussi des applications dans les matériaux pour et l'espace.

« C'est une candidature intéressante pour nos projets de recherche en médecine nucléaire, relève aussi Frédéric Courbon, chef du département d'imagerie médicale. Notamment pour le développement de nouvelles sondes thérapeutiques plus efficaces dans leur mission de vecteur à destination des cellules cancéreuses. Mais aussi pour tester de manière concomitante de nouvelles associations, par exemple en combinant la chimiothérapie avec l'injection de produits radioactifs. L'intérêt étant d'optimiser l'efficacité face aux résistances éventuelles du patient aux traitements. »

L'ambition est de devenir un grand centre d'essais cliniques dans le cancer.

Un souhait également partagé par JeanJacques Fournié, le directeur du Centre de recherche en cancérologie de Toulouse (CRCT), dont le bâtiment jouxte l'hôpital : « Mon rêve serait que notre centre de recherche découvre des molécules capables de bloquer les mécanismes de résistance des cancers, qu'elles soient développées industriellement chez nos voisins du campus de l'Oncopole, dans les laboratoires Sanofi ou Pierre Fabre par exemple, et que les essais cliniques soient réalisés directement dans l'établissement de soins. »

Une passerelle a d'ailleurs été construite pour faire le lien. Quelque 250 chercheurs du CRCT travaillent déjà au sein d'équipes mixtes entre l'Inserm, le CNRS et l'université Paul Sabatier. À terme, ce centre de recherche comprendra environ 350 personnes et envisage déjà l'installation d'un service de séquençage du génome des cellules cancéreuses.

En face du CRCT, les bâtiments futuristes des Laboratoires Pierre Fabre attirent l'attention.

« En général, les grandes industries pharmaceutiques ont leurs propres services de recherche, explique Jean-Jacques Fournié. Mais dans les locaux de Pierre Fabre réside une unité mixte de recherche associant les chercheurs du CNRS et leurs équipes. Pierre Fabre a déjà mis en place plusieurs partenariats avec nos équipes, ils ont même été pionniers dans ce domaine ! »

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Commentaire 1
à écrit le 08/10/2014 à 9:40
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Voila enfin des investissements éfficace !!!!

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