Le pôle de compétitivité PMT, l'outil d'une ville moyenne, Besançon, pour attirer les startups

Pourquoi certaines startups décident-elles de s’installer dans une ville moyenne plutôt que dans une capitale ? Peut-être parce qu’elles ont toutes les compétences nécessaires à proximité… À Besançon, le pôle de compétitivité PMT, accompagne ces entreprises innovantes issues des technologies de la santé et de l’aéronautique, spatiale et défense. Des filières à forte valeur ajoutée sur le territoire de la Bourgogne-Franche-Comté.
(Crédits : PMT)

Marina Deschamps et Christophe Ferrand, deux chercheurs en thérapie cellulaire et génique depuis vingt ans, ont souhaité s'implanter à Besançon pour créer leur entreprise, Cancell Therapeutics. Les appels du pied au niveau national et international étaient nombreux mais la capitale du Doubs présentait de nombreux atouts pour cette deeptech qui entend proposer aux patients atteints de leucémie un traitement innovant, personnalisé et de précision.

« Ici, l'environnement est propice à notre développement. Nous avons tout sur place : la recherche et les partenaires privés », expliquent les scientifiques, qui précisent avoir trouvé au PMT un encadrement sur le montage des dossiers financiers et sur le réseau d'affaires : « Nous avons pu bénéficier d'une assistance juridique auprès de cabinets d'avocats. Ce qui nous a permis de nous structurer. Nous avons une vision académique et quand il s'agit de monter un dossier pour la BPI ou pour répondre à un appel à manifestation d'intérêt de l'État, ce n'est pas le même montage de dossier », fait valoir Marina Deschamps. « Pour nous, le PMT a joué le rôle d'interface entre les deux mondes : académique et entrepreneurial », poursuit-elle.

Vers une structuration financière plus forte

Depuis trois ans, une trentaine de startups sont accompagnées par le PMT- dont deux tiers dans les technologies de santé (Medtech, biotech et bioproduction) et un tiers dans les smart systèmes - via un outil propulseur. Ces startups représentent 150 personnes pour un chiffre d'affaires de trois millions d'euros.

« Nous avons réalisé une levée de fonds de deux millions d'euros au profit de ces startups », précise Laurent Deschamps, président de PMT. « Nous les aidons à compléter leur capital d'amortissage. L'objectif est de les amener vers une structuration financière plus forte », poursuit-il. Pour la filière santé, la majorité des startuppeurs sont issus du monde académique de la recherche. Ce cluster leur permet, par exemple, de découvrir toutes les compétences nécessaires pour devenir un bon dirigeant d'entreprise.

Pour les startuppers de la filière aéronautique, spatiale et défense, c'est aussi l'occasion d'affiner leur vision des marchés souvent peu accessibles. « Nous faisons de la veille réglementaire afin que nos startups n'aient pas de barrière à l'entrée pour s'intégrer dans les marchés », souligne Laurent Deschamps.

Partager, échanger et créer une communauté

« En Franche-Comté, il n'y a pas beaucoup d'entrepreneurs qui développent des médicaments. Au PMT, nous avons trouvé un environnement de startups innovantes confrontées aux mêmes difficultés que nous sur le marché », témoigne Sylvain Perruche. « C'est également important de se retrouver en communauté pour connaître toutes les aides financières dont on peut bénéficier, et aller chercher des expertises dans la levée de fonds », poursuit-il. Ce jeune chercheur à l'Inserm a fondé MedInnPharma, une biotech qui développe des candidats médicaments de demain, en particulier ceux de la nouvelle génération de médicaments biologiques, pour traiter notamment les maladies inflammatoires.

Besançon versus Lyon et la Suisse

Avec près de 250 adhérents, c'est une véritable communauté qui s'est créée pour partager des informations formelles ou informelles lors des évènements organisés par le PMT, tels que des conventions d'affaires, des séminaires ou encore des salons professionnels. Durant le mois de février, une semaine était dédiée à la découverte de l'écosystème bisontin, entre rendez-vous personnalisés et ateliers collectifs. Un programme européen qui réunissait plusieurs villes : Besançon, Lyon et Sion, canton du Valais en Suisse, autour des problématiques de la santé. « Le but est d'échanger sur les meilleures pratiques d'accompagnement de nos startups », précise Laurent Deschamps. Quentin Paulik, interne en médecine générale chez Hospices Civils de Lyon, a développé Marti, une solution pour les services d'urgence hospitalier afin de faciliter la prise en charge des patients allophones (migrants, touristes, sourds, muets...), via un questionnaire numérique, sur tablette. Ce dernier a pu obtenir deux rendez-vous qualifiés lors de cette manifestation avec un médecin du CHU de Besançon et un autre du Centre d'Investigation Clinique (CIC) pour présenter son innovation : « c'est toujours difficile de rencontrer en direct les médecins. C'était important pour moi d'avoir leur retour d'expérience sur l'outil pour se remettre en question. » Autre découverte pour l'entrepreneur lyonnais, l'ensemble de l'écosystème bisontin réunit sur un même site : CHU, Fac de médecine, incubateurs et accélérateurs des start-up en santé, bioproduction, etc... « Le fait que tout l'environnement soit proche permet de créer des synergies ».

Un constat que partage Percevent Ducrest, entrepreneur Suisse qui a créé en 2019, Gadia, spécialisée dans le développement de tests rapides - comme les tests Covid - pour les infections nosocomiales, contractés au cours d'un séjour hospitalier : « En Suisse, il y a trois universités dans un périmètre de 100 kilomètres alors qu'ici on peut tout faire à pied en 5 minutes. » Le chef d'entreprise suisse observe un parallèle entre l'historique horloger de Besançon et l'actualité des dispositifs médicaux. Pour lui, une transition de filière est en train de s'opérer : « Les besoins en compétences se rejoignent : l'ingénierie et le design d'une montre sont similaires aux dispositifs médicaux. Il y a des contraintes des deux côtés (étanchéité, stérilité, résistance, stabilité...) », remarque-t-il. Besançon a connu l'ère de l'horlogerie, le temps est peut-être venu de passer à l'ère du médicament thérapeutique innovant ?

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Le PMT en quelques chiffres :

  • 250 adhérents
  • 12 salariés
  • Budget de fonctionnement : 1,7 millions d'euros
  • une quinzaine de projets dont 10 labellisés
  • 2 clusters : PMT Santé pour la filière santé et PMT ASD pour l'aéronautique, le spatial, et la défense

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