Début mars, le bail réel solidaire, dispositif d'accession sociale déployé par la Métropole, a attiré des primo-accédants curieux au Salon de l'immobilier de Rennes. Ce programme, qui tend à proposer des logements moins chers aux bénéficiaires de l'accession aidée, est une des mesures du PLH 2015-2020 annoncées par la Métropole en 2018. L'autre, lancée en partenariat avec les cinq bailleurs sociaux, concerne les locataires de logements HLM. Appliquée depuis le 1er juillet dernier, l'expérimentation, inédite en France, du loyer unique dans le parc social du territoire (43 communes) veut créer un « choc d'égalité ».
Les revenus intermédiaires et les jeunes n'en sont pas exclus : le bail réel solidaire, déployé après la création en juillet 2018 de l'Organisme foncier solidaire Rennes Métropole (OFS), attire des actifs dans la vingtaine, soucieux de se constituer un avoir avec un T1 ou un T2. Pour limiter la spéculation et maintenir les logements dans le parc public, le dispositif ne permet pas la revente à + 10 % du prix initial mais suscite les candidatures. Sur six premiers programmes immobiliers d'une centaine de logements annoncés à Rennes et à Saint-Grégoire, deux (70 logements) ont déjà été attribués. Le prix moyen s'élève à 2.055 euros/m², stationnement compris, au lieu de 2.800 euros en accession maîtrisée et 4.000 euros dans le parc privé (centre et hypercentre).
« Sur les 600 logements disponibles par an en accession sociale, 300 seront placés sous ce statut », explique Honoré Puil, vice-président de Rennes Métropole chargé du logement et de l'habitat. « Les acheteurs sont propriétaires de leur logement, mais pas du terrain. Celui-ci est acquis par l'OFS, dont le financement s'effectue par subventions (1,5 million d'euros en 2018) et pas par emprunt, comme dans d'autres villes. La redevance versée par le propriétaire se limite à 0,15 euro du mètre carré par mois (130 euros en moyenne par an). »
4.000 logements en plus par an
À côté de l'installation de nouveaux propriétaires, Rennes Métropole parie également sur la mobilité des familles locataires d'un logement social. Certaines ont pu choisir leur lieu de vie et voir leur quittance baisser de 53 %. La politique du loyer unique pour un même type de logement (T2, T3...), quel que soit le quartier, entend faciliter l'accès au logement et lutter contre les déséquilibres sur le territoire. « Les loyers HLM les plus bas se situaient auparavant dans les quartiers prioritaires de Rennes (Maurepas, le Blosne, Villejean). Les ménages aux revenus les plus faibles étaient donc comme assignés à résidence », poursuit Honoré Puil.
Autorisée par la loi Égalité et Citoyenneté, l'expérimentation de cinq ans concerne l'attribution des logements HLM neufs ou reloués (37.000 logements). En raison d'un taux de rotation de 10 %, elle ne produira pleinement son effet qu'à horizon de dix ans. Aux critiques énoncées par les associations, Rennes Métropole répond que si certains bas loyers ont augmenté, la différence est couverte par l'APL (Allocation personnalisée au logement) dont la baisse ne concerne pas cette mesure-là. Et avec l'augmentation du parc (4.000 logements par an, 25 % en location sociale), les organismes bailleurs s'y retrouvent. En parallèle, un plan de rénovation urbaine de 516 millions d'euros est consacré aux quartiers les moins attractifs.
Sujets les + commentés