Triskalia investit 1 million d'euros dans le fonds West Web Valley

La coopérative bretonne Triskalia montre que le monde agricole est aussi un terreau favorable pour l'économie numérique. Elle a décidé de participer à hauteur de 1 million d'euros à la levée menée par le fonds d'investissement West Web Valley, désormais doté de 34 millions d'euros. Objectif: accompagner la croissance des startups de la région et anticiper la numérisation de la filière.
De gauche à droite, Sébastien Le Corfec et Charles Cabillic, co-fondateurs de West Web Valley, Georges Galardon, président de Triskalia et Dominique Ciccone, directeur général de Triskalia.

« Le numérique bouscule tous les secteurs. L'agriculture, de la production primaire à la distribution, n'y échappe pas. Première région agricole de France, la Bretagne ne doit pas laisser aux autres le soin de digitaliser son secteur d'excellence. »

C'est en ces termes que l'accélérateur et fonds d'investissement West Web Valley, basé à Guipavas (29), a préparé l'annonce de l'investissement, à hauteur de 1 million d'euros, de la coopérative agricole Triskalia.

Ce million vient s'ajouter aux 33 millions d'euros déjà levés, auprès de la banque Crédit Mutuel Arkéa ou encore du groupe de presse Ouest France, par West Web Valley, l'un des dispositifs de financement les plus importants en région. Le fonds compte investir au capital et accompagner une trentaine de startups en Bretagne et dans le Grand Ouest dans les prochaines années. La participation d'un acteur majeur de l'agriculture comme Triskalia répond à un double objectif : pousser la transformation numérique des filières agricoles et agroalimentaires et promouvoir les jeunes pousses du territoire.

La coopérative de Landerneau (4.800 salariés, 1,9 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2016) permettra par exemple l'accès des entreprises à ses usines, à ses moyens de R&D (près de 4 millions d'euros investis par an en interne) ou à ses adhérents. Triskalia pourra aussi envisager des collaborations plus étroites avec certaines startups. Selon Dominique Ciccone, directeur général de la coopérative aux 16.000 agriculteurs, ce dispositif est indéniablement « un atout pour nos adhérents et nos structures qui doivent évoluer plus vite que les autres pour rester compétitifs. »

Blockchain et conditions de travail

Qu'il s'agisse d'agroécologie, de bien-être animal ou d'alimentation santé, le secteur agricole et agro-alimentaire relève déjà les défis posés par les citoyens ou les consommateurs. Le numérique vient aussi la bousculer en profondeur. Comme l'indique la filière, les places de marché en ligne raccourcissent déjà la chaîne de valeur dans l'agriculture et les agro-fournitures, et les données issues de capteurs et de drones sont devenus des outils indispensables d'aide à la décision. Plus proche du producteur, le consommateur exige de son côté une meilleure traçabilité « que les technologies de la blockchain pourraient apporter ».

Via West Web Valley, c'est la mutation d'un modèle et la recherche d'alternatives aux pratiques actuelles que Triskalia souhaite anticiper. Le recours à des compétences issues de structures extérieures innovantes vise ainsi à trouver des solutions pour mettre le moins possible d'intrants dans la terre, ou à améliorer les conditions de travail en faisant gagner du temps grâce à la numérisation.

« Investir dans West Web Valley, c'est aussi matérialiser l'élan que nous insufflons vers la digitalisation du groupe depuis plusieurs années, ajoute Dominique Ciccone. En plus de l'accompagnement des startups, West Web Valley nous donne accès à l'écosystème digital et aiguise notre réflexion sur de nombreux sujetsDe l'accompagnement des agriculteurs aux achats, de la distribution aux réseaux sociaux, il y a des chantiers de toutes parts.»

La coopérative donne l'exemple de son site de e-commerce La Boutik, qui, depuis 2016, vend à ses adhérents du matériel et des produits agricoles pour l'élevage. Les membres de la coopérative ont été partie prenante dans cette décision d'investissement. Le secteur connaît également un renouvellement des générations, rappelle pour sa part Georges Galardon, le président de Triskalia:

« Les jeunes agriculteurs sont aussi des geeks : ils ne rechignent pas à utiliser les nouvelles technologies. »

Compléter le réseau agriTech

West Web Valley, qui mise sur les filières d'excellence de la région dont l'agriculture et la distribution, accompagne déjà sept dossiers « à forte valeur » sur les 650 candidatures reçues. Le premier investissement porte sur Energiency, dédiée à l'analyse des données de consommation d'énergie des sites industriels, le deuxième sur Patatam, spécialisé dans le secteur du "re-commerce" (vêtements d'enfants seconde main). Les noms des cinq autres startups accompagnées seront dévoilés prochainement.

« A ce stade, elles ne gravitent pas dans l'agriTech, mais elles peuvent pratiquement toutes travailler avec des structures comme Triskalia », précise à "La Tribune", Sébastien Le Corfec, un des trois co-fondateurs de West Web Valley, avec Ronan Le Moal et Charles Cabillic.

« De l'optimisation d'énergie à la distribution au consommateur, la filière pourra bénéficier de manière privilégiée de sociétés innovantes sur toute la chaîne de valeur, pas uniquement dans son cœur de métier », ajoute d'ailleurs ce dernier.

Avec Triskalia à ses côtés, West Web Valley entend compléter son dispositif de compétences et son réseau agriTech. En Bretagne, ces startups agricoles  « sont étonnamment peu nombreuses » reconnaît-on chez West Web Valley.

Par Pascale Paoli-Lebailly, 
correspondante de La Tribune pour la Région Bretagne

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